La protection sociale dans une société d’alter-croissance

Un document de Philippe Defeyt

Il y a au moins deux manières d’esquisser ce que pourrait être la protection sociale dans une
société d’alter-croissance.
La première serait de s’inspirer des travaux de modélisation macroéconomique tels ceux faits
par le Bureau fédéral du Plan2. Certes, deux chercheurs au moins – Peter Victor et, plus
récemment, Tim Jackson3 – ont ici ouvert la voie. Mais ils n’ont fait que la débroussailler. De
toute manière ce type de travaux ne donne jamais comme conclusions que ce qu’on a injecté
dans le modèle.
Les travaux classiques de projection des comptes de la protection sociale sur le long terme sont
douteux. Pour deux raisons méthodologiques fondamentales.
On a d’abord du mal à imaginer que tout puisse continuer comme avant. Que la croissance, au
sens macroéconomique classique, sera évidemment au rendez-vous. On sait aussi les
conclusions de ces travaux éminemment dépendantes des hypothèses choisies (il s’agit de
scénarios conditionnels, non de projections, faut-il rappeler aux décideurs et au grand public) ;
les conclusions sont donc très variables d’un exercice à l’autre (un ¼ de point de croissance en
plus ou en moins de la productivité et/ou de la liaison des pensions ou encore une autre
d’hypothèse quant au taux d’emploi – comme si l’emploi se décrétait – changent de beaucoup
les résultats).
Imaginer un modèle d’alter-croissance modélisé macro-économiquement serait encore plus
hasardeux. Mais est-ce de cela que nous avons besoin aujourd’hui ? La tentation de s’inscrire
dans le mainstream de la modélisation macroéconomique n’est-elle pas en profonde
contradiction avec une vision critique de la croissance et de son appareillage statistique et
méthodologique? Résistons donc, provisoirement en tout cas, à cette tentation.

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