Une atteinte insupportable aux droits humains, tolérée par les Européens ?
J’ai honte et je suis révolté par l’hypocrisie occidentale qui tente une nouvelle fois d’imposer au reste du monde une interprétation faussée de la réalité d’une guerre au Proche-Orient.
Disant cela, je revendique le droit – que certains veulent brimer- d’élever la voix en faveur du peuple palestinien martyr et pour condamner le gouvernement, l’armée, les colons, les extrémistes religieux israéliens qui, au mépris du droit du peuple palestinien à l’autodétermination pour exister, en ignorant le droit humanitaire, tentent de réduire au silence toute résistance contre l’envahisseur.
Des crimes de guerre sont commis de part et d’autre mais sachons dire toute la vérité comme le fait OCHA (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) : 95% des morts et des blessés sont des Palestiniens. En quoi la vie d’un Israélien serait-elle supérieure à la vie d’un Palestinien ?
En refusant d’obliger Israël à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture de couloirs humanitaires, les Occidentaux se rendent complices des crimes de guerre et du programme génocidaire du gouvernement israélien à l’égard de victimes qualifiées d’« animaux humains à traiter comme tels » par le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.
Ils ne peuvent ignorer la carte présentée par le Premier ministre israélien M. Netanyahou, en septembre dernier à l’Assemblée générale des Nations Unies et sur laquelle les territoires palestiniens avaient été gommés. Ainsi, la poursuite de la Nakba (la catastrophe pour les Palestiniens) était annoncée au monde entier.
J’admire mes amis israéliens et juifs qui dénoncent cette situation odieuse.
En Allemagne, aujourd’hui, être écrivaine palestinienne comme Adania Shibli, c’est se voir privée du prix que voulait lui accorder la Foire du Livre de Francfort. Quant aux manifestations de soutien aux Palestiniens, elles ont été interdites. En France, à Lille, un syndicaliste CGT est arrêté chez lui pour avoir revendiqué sa solidarité avec les Gazaouis et il a fallu un recours en justice pour pouvoir manifester suite à l’interdit fait aux manifestations propalestiniennes. Le Chancelier Olaf Scholz, le président Macron ainsi que la présidente de la Commission européenne Mme von der Leyen, ont rencontré Mr Netanyahou pour l’assurer de leur soutien et l’encourager dans sa volonté d’éradiquer le Hamas, qualifié par les seuls Américains et Européens d’organisation « terroriste ».
Peu leur importe si tant en Amérique qu’en Europe, dans le monde et à l’ONU, la guerre contre les Palestiniens est condamnée avec fermeté. Se rendent-ils compte qu’ils sont isolés, complices des crimes contre l’humanité commis sous nos yeux par les Israéliens ? Se rendent-ils compte de ce que leurs alliés, Mr Netanyahou et son gouvernement, sont des proto-fascistes, criminels de guerre tant aux yeux du monde que de leur propre peuple ? Comment peuvent-ils rester sourds aux appels du secrétaire général des Nations Unies, M. Guterres ?
L’Occident, dont je fais partie, affirme sa croyance en sa supériorité, ses bons droits, sa méfiance viscérale pour le reste du monde : jusqu’il y a peu, les colonisés, les « sous-développés » ; aujourd’hui, les migrants. L’Occident, claquemuré et armé jusqu’aux dents, se rend-t-il compte de la piteuse image qu’il donne de nous ? Fini ses discours pour une coopération pacifique internationale ! L’Occident prépare son arsenal de lois et d’armes pour contrer tous ceux qu’il qualifiera de « terroristes » ou d’ennemis de nos libertés. Les droits humains attendront une fois encore. La sauvegarde de la planète attendra, elle aussi.
Et donc, si pour Biden, Macron et consorts, il faut secourir une fois encore Netanyahou, soyons clairs : « Pas en notre nom ! »
Pierre Galand
Président de l’Association belgo-palestinienne