[Une analyse de Christiane HERMAN, Christine PAGNOULLE, Daniel PUISSANT – Juin 2021]

Catastrophe naturelle ?

La troisième semaine de juillet, en une nuit, les moindres rus sont devenus des torrents déchaînés, la Vesdre, la Hoëgne, l’Ourthe ont tout emporté sur leur passage. Phénomène météorologique rare et imprévisible ? Pas vraiment. Rare, oui, mais il risque de l’être de moins en moins, et en grande partie prévu, sans en avoir mesuré l’ampleur. Pas de responsables immédiats mais des responsabilités manifestes liées à notre rapport prédateur à la nature. Comme l’écrit Claude Semal, « Ce n’est pas l’orage qui a bétonné nos villes et nos campagnes. / Ce n’est pas le ciel qui a supprimé les effectifs de la protection civile. / Ce n’est pas la fatalité qui a provoqué les bouleversements climatiques » (L’Asymptômatique, 17 juillet 2021). L’agriculture dite « conventionnelle », qui s’accapare la plus grande partie des subventions et est pratiquée au bénéfice de l’agroalimentaire et pour la production d’agro-carburant, tue la paysannerie et les sols par l’utilisation d’engrais azotés de synthèse et de pesticides ainsi que d’engins lourds et gourmands en carburants. Elle intensifie la pollution (de l’air, de l’eau, de la nourriture), rend les sols imperméables et crée des déserts biologiques – îlots de chaleur, d’où sont éradiqués ces nids de biodiversité que sont les haies, les bosquets, les talus… autant d’obstacles à l’érosion et de protections contre les vents. (Rappel : sans les plantes, qui constituent la couverture végétale sur les terres émergées, temporisent le climat et fabriquent les sols, nous ne serions pas là.)


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