Frédéric Rognon,Le défi de la Non-Puissance. L’écologie de Jacques Ellul (1912-1994) et de Bernard Charbonneau (1910-1996), Lyon, éditions Olivétan, 2020, 299 p.
Le livre de Frédéric Rognon nous trouve en situation de pandémie, ce qui veut dire face à un problème global, à une maladie qui n’est pas seulement d’origine virale mais atteint une société dans toutes ses composantes.
Ellul et Charbonneau, ces deux grands précurseurs de la décroissance, se sont rencontrés sur les bancs du lycée vers 1927. Bernard Charbonneau (BC) découvre le scoutisme (protestant) qui l’ouvre au sentiment de la nature. Son œuvre est très souvent une méditation sur «La grande Mue» qui ravage les campagnes françaises. Il a écrit plusieurs centaines d’articles dont je trouve le style étincelant, parfois ravageur, mordant, outrancier. Jacques Ellul (JE) a grandi dans le milieu de la grande bourgeoisie ruinée lors la crise de 1929. Il se convertit à 17 ans et son œuvre est partagée entre théologie protestante et critique de la technique.
JE et BC se décrivaient « unis par une pensée commune ». Des différences, bien sûr. Pour JE, la critique concerne surtout la société technicienne, pour BC, la critique va aussi bien à l’encontre de la science que de la technique. Mais le clivage principal est celui de la foi chrétienne. BC, qui avait reçu une éducation catholique puis protestante, se considérait comme agnostique, plus exactement comme postchrétien. Pourtant son œuvre est parsemée de références chrétiennes. Pour JE, il n’y a de vérité, et même de liberté, qu’en Jésus-Christ.
Le livre comporte 32 chapitres, où l’auteur donne la parole, tantôt à l’un tantôt à l’autre, parfois aux deux en dialogue. Il constitue une bonne introduction à ces deux œuvres majeures.
Michel Ansay recense ses lectures sur son blog http://partagesavoirs.blogspot.com/ ; elles méritent toutes notre attention.