Depuis maintenant plus d’un an, un bois d’une superficie de 31 hectares a été préservé d’un énième projet de « dynamisation économique ». À la lisière de la ville d’Arlon, l’ancienne sablière de Schoppach où animaux et plantes sauvages cohabitaient avec les balades dominicales, est menacée, depuis son rachat auprès des pouvoirs publics par l’intercommunale IDELUX-AIVE, par un projet de zoning industriel.

Des personnes ont dès lors, en octobre 2019, décidé d’occuper cette forêt destinée à être rasée, afin de la défendre face aux immeubles, aux parkings, au béton, répondant ainsi concrètement à un appel de riverains désespérés par le manque d’attention porté à leurs voix. Rapidement, de concert avec le soutien d’une partie de la population locale, des formes de vie attentives à l’environnement s’y sont développées, abritées par les arbres et encouragées par les trilles des oiseaux.

En effet, l’ancienne sablière de Schoppach est répertoriée comme « site de grand intérêt biologique » en raison des nombreuses espèces qui y ont trouvé refuge, dont deux espèces de papillons menacées et plusieurs plantes protégées ; ou encore qui pourraient y retrouver refuge, telle l’hirondelle des rivages et le triton crêté. Et, depuis quelques mois, on peut y remarquer la présence et la pariade d’un couple de hiboux grand-duc.

Sur le site, côté humain, à travers la succession des saisons, et malgré les intimidations et les incriminations, ont été créés, dans le respect de chaque individu et par le biais de prises de décisions collectives et démocratiques, un journal, des rencontres thématiques, des ateliers, un recueil de poésie et de photographies, un court-métrage, une université populaire, un potager. Sept lieux de vie y ont été construits, d’autres sont en cours de construction ou prévus.

La sablière et sa forêt sont en danger de disparition définitive. La probabilité d’une intervention policière d’envergure est réelle. Et des politiciens exhortent à répétition les occupants à vider les lieux. Que ces derniers entendent protéger.

Dans un contexte où la prédation industrielle permanente est notamment à l’origine de la situation sanitaire intolérable que nous subissons, ainsi que des catastrophes climatiques et sociales qui nous sont promises, cette volonté d’expulsion de la part de planificateurs de profits économiques plus que douteux, volonté d’expulsion qui risque d’être caractérisée par une répression sans ménagement envers les occupants ; dans ce contexte, de telles velléités sont particulièrement indécentes et inacceptables.

Plus une parcelle de nos paysages, plus un centimètre de nos terres ne doit céder au béton, sous aucun prétexte.


  • Publié : 4 ans ago on 1 février 2021
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  • Dernière modification : février 1, 2021 @ 2:12 pm
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