jeudi, 8 décembre 2011

L’Union européenne connaît la plus grave crise de son histoire. Une crise économique et financière lourde de conséquences sur le plan social. Cette crise est devenue une crise politique de l’Union européenne elle-même. Qui aurait pu penser, il y a deux ans, que tant de voix s’élèveraient pour rompre avec l’euro, scénario qui détruirait le projet européen dans ses fondations ?

La situation est très grave

La responsabilité des dirigeants politiques des institutions européennes et des principaux Etats membres est grande. Après deux ans de tergiversations, de contestations interminables et de mesures erronées, le problème initial, que constitue la crise financière en Grèce, n’est toujours pas résolu.

La crise de l’endettement s’est aggravée. La croissance est retombée fortement dans presque tous les Etats membres et, dans les pays qui connaissent les mesures budgétaires les plus strictes, le chômage a augmenté.

Les conséquences sociales de la réduction des salaires et des pensions, des coupes dans les dépenses pour la protection sociale, l’enseignement et les soins de santé sont claires: une plus grande pauvreté, de nouvelles inégalités, une plus grande insécurité d’existence et une plus grande fracture dans la cohésion sociale.

De plus en plus de citoyens abandonnent le projet européen et s’en méfient. Les anciens préjugés et les clichés négatifs revoient le jour.
Un fait nouveau est que les institutions européennes encouragent ce démantèlement important du modèle social, alors que les valeurs et principes de ce modèle forment l’identité et la colonne vertébrale de l’Union européenne.

Les issues pour sortir de la crise économique et politique:

Il importe de mettre fin aux mécanismes de spéculation et de renforcer la capacité financière de tous les Etats membres. Pour ce faire, il faut solutionner de manière définitive les crises financières nationales.
Comment se fait-il que les Etats-Unis, dont les principaux indicateurs sont moins bons que dans toute l’Union européenne et le Japon et dont la dette d’Etat est de 225 % du PIB, puissent émettre des obligations sur 10 ans à des taux d’intérêt sous les 2 %?
Comment est-ce possible alors que certains pays de la zone euro sont obligés d’emprunter à des taux d’intérêt de 7 %?

La réponse est simple: nous n’agissons pas comme une véritable Union.

Nous appuyant sur les décisions du dernier Congrès de la Confédération européenne des syndicats à Athènes, en mai 2011, nous pensons que nous avons besoin, plus que jamais, d’une nouvelle politique monétaire, économique et sociale dans le cadre d’une gouvernance économique forte de la zone euro, coordonnée avec celle de l’UE27. Une politique avec un autre objectif que la gouvernance économique telle que dictée actuellement par Ecofin.
Nous devons aborder d’une manière cohérente les dimensions économique, environnementale et sociale de la croissance. Et le gouvernement de l’économie européenne doit donner la priorité aux politiques qui sont en faveur de la création d’emplois de qualité.

La spéculation sur les marchés cesserait à l’annonce crédible d’une garantie absolue par rapport aux dettes des Etats membres. Cette garantie peut être fournie par l’émission d’euro-obligations et par la réforme de la Banque centrale européenne (BCE), qui ne prêterait qu’en dernier recours.

La politique fiscale, à commencer par l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur les revenus du capital, devrait être commune à différents niveaux au sein de la zone euro et harmonisée dans toute l’Union européenne.
Les nouveaux plans de Merkel et de Sarkozy, qui prônent une discipline budgétaire plus stricte, selon le modèle allemand, laisseraient de côté beaucoup d’opportunités en vue de trouver des solutions cohérentes pour sortir de la crise économique et politique.

L’Europe à nouveau sur la voie du progrès social

L’Europe doit conclure un nouveau contrat social et économique avec ses citoyens.

Un contrat social européen innovant avec comme dossiers importants l’emploi, les salaires, que les partenaires sociaux pourraient négocier de façon autonome, les pensions, les allocations de chômage, l’enseignement et la santé.
Un nouveau contrat social avec une participation active des partenaires sociaux.

Le progrès de l’Union européenne doit se baser sur la cohésion sociale et la solidarité à l’intérieur des Etats membres, mais aussi entre eux. Pour y arriver, en ces moments difficiles, il faut agir dans un cadre commun européen et ainsi renforcer le dialogue social. C’est pour cette raison que nous avançons des propositions concrètes, en exigeant que l’on ne marginalise pas les travailleurs dans la recherche de solutions, et en manifestant la volonté de nous mobiliser dans un cadre européen pour l’obtenir !

Anne Demelenne, secrétaire générale FGTB et Claude Rolin, secrétaire général CSC.

Ce texte est une synthèse d’une tribune libre publiée entre autres dans El Pais, Libération et La Républica, signée par les organisations syndicales belges, Ignacio Fernández Toxo, secrétaire général de CCOO (Espagne), Cándido Mendez, secrétaire général de l’UGT (Espagne), Michael Sommer, président du DGB (Allemagne), Susanna Camusso, secrétaire général de la CGIL (Italie), Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT (France), François Cherèque, secrétaire général de la CFDT (France).


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