“la charité représentée par la taxe Tobin”
Les termes “la charité représentée par” pourraient être supprimés. La phrase deviendrait alors : “Enfin, on accepte la taxe Tobin”.
Si nous acceptons la taxe Tobin, cela signifie que nous laissons en place le mécanisme suivant lequel il est possible de gagner de l’argent avec de l’argent tout en y mettant un “peu de sable dans les rouages”, la taxe Tobin, pour réduire les effets du mécanisme. La taxe Tobin ne représente qu’une petite partie du gain.
Pour Elie Sadigh, le gain en argent à partir d’argent ne devrait pas exister. Dès lors, s’il y a gain, il devrait être entièrement restitué et pas seulement partiellement sous forme de taxe.
Cette restitution partielle, la taxe Tobin, est alors qualifiée ironiquement par Elie Sadigh de charité.
“les prélèvements illégitimes” : est-ce tout bêtement ce que Marx appelle la plus-value ?
L’acte de production (le travail, qui n’est pas une chose) est seul à l’origine de la création de la valeur monétisée. La seule création monétaire légitime est celle qui rémunère le travail (le paiement des salaires toutes charges comprises, patronales et salariales : cotisations sociales, impôts, …). Une création monétaire au niveau des échanges (par exemple par un crédit pour acheter une voiture neuve ou d’occasion) ne respecte pas ce principe (1) . A supposer que la création monétaire ne se réalise qu’au niveau des échanges, il n’est pas possible de contrôler qu’elle est identique en volume au montant des salaires toutes charges comprises. Si le volume de la masse monétaire créée au niveau des échanges dépasse le volume des salaires
toutes charges comprises, la monnaie créée en dépassement a un pouvoir d’achat illégitime.
Bernard Schmitt (1929-2014) (2) , qui a été le professeur de Elie Sadigh, ajoute (3) :
“Les économistes ont parfois recherché la solution d’un faux problème : combien de catégories de « facteurs de production » faut-il distinguer ? Le terme n’est pas clair, car il désigne tout élément qui concourt à un résultat. Il est évident que la production nationale suppose la réunion d’un grand nombre de facteurs disparates. Toutefois, certaines écoles simplifient les données pour grouper les facteurs de production en deux ou en trois
catégories principales : la terre, le capital, le travail. Cette classification est soit trop large, soit trop limitative. Si le terme de facteur est pris en son acception habituelle, les trois catégories ne comprennent qu’une partie de la réalité, car il conviendrait d’ajouter de nombreux autres facteurs, comme l’organisation politique et idéologique de la société, la psychologie des groupes sociaux, la technologie, l’éducation, l’esprit de création scientifique,
la faculté d’innover, etc. En revanche, si par « facteur de production » l’on entend la source des produits quantifiables, leur « cause », seul le travail humain peut être retenu, tel qu’il est défini dans tout son environnement naturel, social et économique, la terre et le capital étant les principales « conditions » du travail, qui est seul créateur.
La logique distingue deux degrés.
1er degré. La terre et le capital sont, parmi d’autres facteurs, la condition nécessaire du travail humain.
2e degré. Le travail humain est la condition nécessaire et suffisante du produit.
Il en découle que la terre et le capital sont, avec d’autres facteurs, la condition nécessaire du produit ; mais cette condition nécessaire est déjà comptée au niveau du travail, c’est-à-dire au premier degré. Dans l’opération du deuxième degré – la production au sens strict – le travail humain reste donc, à lui seul, la condition nécessaire et suffisante du produit.”
Il y a le résultat du travail de la nature : le fruit ; et il y a le fruit que l’homme, par son intelligence et sa volonté, transforme, le produit à consommer. En inventant le concept de production, qui est une fiction, l’homme se libère de toute exigence de réciprocité vis-à-vis de la nature (“Baptiste Morizot, sur la piste du vivant”, France culture, Les chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth, Profession philosophe, Épisode 68 du 02/10/2020).
Or, si le travail de l’homme est la seule cause du produit à consommer (2ème degré), nous ne devons pas oublier que le travail de l’homme demeure conditionné par le résultat du travail de la nature, notamment (1er degré) (Bernard Schmitt, “L’or, le dollar et la monnaie supranationale”, Calmann-Lévy, 1977, FeniXX, 2015, p. 36 et 37).
Et, pour être soutenable, le concept doit rester compatible avec la réalité.
D’où, la nécessité de maintenir l’exigence de réciprocité.
Ne l’avons-nous pas tous plus ou moins oublié ?
Simulation de deux régimes de taux de change laissée à votre réflexion chaque fois que vous vous poserez une question relative à la production et la consommation de biens et services au niveau international.
Liens utiles
Vers des sites
- The Quantum Analysis of Economics – Site dédier à Bernard Schmitt où certains de ses livres peuvent être téléchargés.
- Pierre Gueneau, Produit, monnaie et capital
Vers des blogs
- Hétérodoxhe, La cause Schmittienne
- Sergio Rossi, Les non-dits de l’économie
- Elie Sadigh, Articles sur l’économie
- Vincent Soyer, L’économie de production monétaire
- Jean Tramuset, Le blog de Jean Tramuset
(1) Sauf, s’il s’agit d’un prêt “transmettant” des revenus monétaires provenant de la production (l’épargne).
(2) Voir : https://www.quantum-macroeconomics.info/
(3) Bernard Schmitt, L’Or, le dollar et la monnaie supranationale, Calman Levy 1977, FeniXX 2015, p. 36 et 37.