Rencontre des Attac Europe à Egine, 17-19 juin 2011

Du 17 au 19 juin 2011 le réseau des ATTAC en Europe s’est rencontré à Egine (Grèce). C’était là une belle occasion d’entrer en contact avec le mouvement de résistance grec qui a réussi à organiser des manifestations d’une ampleur considérable contre les mesures d’austérité budgétaire imposées par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI, et mises en œuvre par le gouvernement.

Le réseau des ATTAC en Europe se déclare pleinement solidaire de ce mouvement. Il souligne que les réponses apportées à la crise sont à la fois inefficaces et injustes:

Inefficaces, parce que les mesures d’austérité, coupures budgétaires, privatisations, réformes du marché du travail, ne peuvent conduire qu’à davantage de chômage et de pauvreté, à une chute des rentrées fiscales et à une régression économique. Cette politique anti-sociale enclenche une spirale vicieuse qui détruit à la fois l’économie réelle et le consensus social.

–  Injustes, parce que ces mesures font payer la crise à des gens qui n’en sont pas responsables. En effet la crise de la dette  est la conséquence de la stagnation économique et du sauvetage des banques après la crise financière de 2008, aussi de la mise en œuvre de politiques budgétaires néo-libérales qui ont conduit à un manque de rentrées fiscales suite notamment à la fraude. L’absence  de réglementation des marchés financiers a permis la spéculation sur les dettes publiques par le biais de leur titrisation, qui a joué un rôle important dans l’exacerbation des la pression sur les marchés.

Le peuple grec est actuellement le plus exposé dans la crise de la zone euro, ce qui montre bien les lacunes du système : une devise unique sans contrôle démocratique de la politique monétaire qui vise uniquement à maintenir l’inflation à un taux extrêmement bas, sans transferts possibles entre régions aux économies très divergentes, ni harmonisation des critères économiques et sociaux, cela entraîne inévitablement un endettement et des déséquilibres de plus en plus importants.

La situation dramatique de la Grèce montre que ce type de mesures n’aide en rien à combattre la crise et doit être radicalement redéfini, également qu’il faut d’urgence modifier l’orientation de la politique de la zone euro. Le réseau des Attac en Europe propose des alternatives qui s’attaquent aux vrais problèmes :

Il faut d’urgence restructurer les dettes des pays surendettés et faire payer les banques – qui sont en grande partie responsables de la crise, et non les gens. Il convient donc d’organiser des audits démocratiques de la dette.

A moyen et long termes, la sortie de crise exige de profonds changements dans la zone euro. Tout d’abord, la démocratie doit présider aux processus de décision pour la coordination de décisions économiques :

  • Cette coordination doit permettre d’harmoniser les salaires minimum et des critères sociaux minimum partout en Europe, une réforme fiscale européenne devrait permettre une meilleure répartition de la richesse, elle doit comprendre une lutte plus efficace contre les paradis fiscaux et un taux d’imposition minimum sur les sociétés.
  • La réglementation des marchés financiers et du secteur bancaire.
  • Réforme de la BCE, qui permette le financement direct aux états et des investissements conséquents dans les transports publics, des énergies renouvelables et sans risque, la souveraineté alimentaire, l’enseignement, les soins de santé, etc.
  •  Une lutte coordonnée contre le recours aux paradis fiscaux et l’arrêt des attaques spéculatives contre des pays. Cela comprendrait l’interdiction de spéculer sur des titres de la dette et la création d’agences de notation publiques sous contrôle démocratique.

Afin de dénoncer les véritables causes de la crise, imposer nos alternatives et mieux coordonner les différentes luttes contre les politiques d’austérité, Attac a prévu différentes actions. Ainsi,

  • 24 juin : Théâtre Action à Bruxelles quand le Conseil européen doit décider de la gouvernance économique.
  • 9 au 14 août : Université d’été à Fribourg en Brisgau (www.ena2011.eu).
  • 1er octobre : Conférence de la Coalition de Résistance à Londres. Attac en fait partie.
  • 15 octobre : Un tribunal de la crise européenne se tiendra à Berlin pour en déterminer les causes.
  • 3 et 4 novembre : pendant la mobilisation commune contre le sommet du G20 à Cannes, un tribunal jugera la responsabilité du secteur bancaire et des marchés financiers ainsi que la complicité du G20.
  • Mars 2012 : ‘Joint Social Conference’  à Bruxelles pour élaborer des propositions communes avec les syndicats et les autres mouvements sociaux.

Égine, 19 juin 2011


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