par Eric Toussaint
Docteur en sciences politiques
et président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (www.cadtm.org)
Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale, a rendu public son rapport sur le vieillissement (voir Le Soir 20-21 juin). Il faut dégager 10 milliards d’euros entre 2008 et 2014 pour les pensions. Il se demande comment faire. Pourtant, G. Quaden et le gouvernement ont su trouver plus de 20 milliards pour sauver les banques.
Guy Quaden et le gouvernement ont laissé Fortis, Dexia, Ethias, KBC,… prendre des risques totalement démesurés avec l’épargne des citoyens. Leurs actifs placés aux Etats-Unis sont beaucoup plus élevés que ceux des banques françaises ou allemandes (voir D. Millet et E. Toussaint, Les Chiffres de la dette, 2009, p.12). La crise frappe beaucoup plus la Belgique et les autres pays qui ont déréglementé le plus.
Les épargnants font les frais de cette politique: la valeur de leur épargne pension a chuté ; l’utilisation spéculative de leur épargne conduit aujourd’hui à des pertes massives d’emplois ; en tant que contribuables, ils devront financer l’augmentation brutale de la dette publique due au sauvetage des banquiers.
Pour garantir l’avenir de la sécurité sociale, il faut des solutions radicalement différentes : une réduction radicale du temps de travail avec embauche compensatoire et maintien du salaire afin d’accroître le nombre d’actifs cotisant et de garantir l’équilibre budgétaire pour la sécu ; la création par les pouvoirs publics d’emplois socialement utiles et respectueux de l’environnement.
Afin de disposer d’un instrument pour investir et garantir l’épargne, il faut nationaliser les banques assistées par l’Etat en récupérant le coup de l’opération des derniers mois sur le patrimoine des grands actionnaires et des administrateurs responsables du désastre.
Guy Quaden coûte cher à la collectivité: son salaire dépasse 400 000 euros par an, davantage que celui de B. Obama ou de J-Cl Trichet…
(Le Soir 24/6/09 Courrier des Lecteurs)
