Fabian Scheidler, La Fin de la mégamachine (traduit de l’allemand par Aurélien Berlan), Seuil, 2020.

Lecture collective les mercredis 20 septembre, 25 octobre, 22 novembre, 13 décembre 2023, 24 janvier et 28 février 2024 (+ une séance d’évaluation en mars).

Une dizaine de participants réguliers.

Avant le début de nos rencontres, tous les participants ont reçu la table des matières et la chronologie ainsi que les quelque 42 pages en libre accès sur le site des éditions du Seuil (l’introduction et le premier chapitre presque complet).

Introduction : Nous observons une corrélation directe entre ce qui est bon pour le capitalisme et ce qui détruit la biosphère / bousille l’habitabilité de la terre. La majorité des gens le comprennent plus ou moins confusément mais sont paralysés par un sentiment d’impuissance, ceci malgré l’existence d’alternatives. Pourquoi ce blocage ? Nous sommes victimes du mythe de la modernité et (pour une minorité) jouissons d’un certain confort, aux dépens de populations exploitées. Le système qui s’est installé il y a plus de cinq siècles est basé sur le pillage ; la violence aliénante qui en est le ressort trouve ses racines plus de cinq millénaires plus tôt, avec le travail du métal. C’est ce système que l’historien appelle la mégamachine. Elle atteint aujourd’hui deux limites insurmontables : les crises structurelles, qui lui sont inhérentes, atteignent des proportions telles qu’elles échappent à tout contrôle et ne peuvent même plus être jugulées par l’endettement ; la destruction de la biosphère fait de la résistance une question de vie ou de mort.

1re partie, chapitre 1, Les 4 tyrannies et les racines de la domination

La sédentarisation rend possible l’accumulation de biens et l’émergence d’une hiérarchie, mais ne l’entraîne pas automatiquement (les hommes ont vécu en sédentaires pendant quatre mille ans sans distinction de classes repérables, ce que nous avaient déjà appris Wengrow et Graeber lors de notre lecture collective précédente). Le point de bascule intervient avec le travail des métaux, auquel tout le monde n’a pas accès, et qui rend possible la fabrication d’armes plus efficaces et l’utilisation de monnaie (qui à son tour permet d’exiger des impôts en numéraires et non en nature). C’est alors aussi qu’apparaît l’écriture, qui sert d’abord à comptabiliser les dettes, également à transcrire les épopées des puissants (Gilgamesh), mais l’écriture comme plus tard l’imprimerie et les médias seront un lieu de luttes.

Pourquoi les hommes ont-ils appris à obéir ? Trois raisons : la peur de la violence, la peur de conséquences socio-économiques, la croyance en la légitimité de l’ordre établi. Ce qui correspond à trois tyrannies :

  • Le pouvoir institutionnel par la violence physique (prisons, police, armée), face auquel les résistants se dérobent en se retirant toujours plus loin (voir les communautés de marrons sur les mornes)
  • La violence structurelle qu’incarnent le salariat (et le chômage), les baux de location, dont la force de contrainte est renforcée par la dette qui finit par réduire des hommes en esclavage (aussi esclavage sexuel)
  • Le pouvoir idéologique : un consensus qui est conforté par l’écriture (voir plus haut).

S’y ajoute l’invention d’un Dieu-souverain, mâle tout puissant, projection du souverain terrestre, qui fonde des cultes renforçant le pouvoir des élites. Mais la piété populaire (‘superstition’) reste attachée à des formes antérieures de communication avec le monde naturel.

Les récits dominants sont régis par une pensée linéaire, incompatible avec le vivant, forme de pensée qui est la quatrième tyrannie.

Le métal permet de battre monnaie et ainsi de payer des armées de métier et de forger des armes plus efficaces pour s’entretuer. Le travail du bronze marque le début du commerce inéquitable. D’une façon générale, l’utilisation de métaux est une catastrophe environnementale aussi bien que sociale : déforestation à grande échelle, terres ravagées par l’extraction, pollution de l’air et de l’eau, désastre qu’entraîne le moindre conflit. Les rêves de contrôle du vivant qu’incarne Faust sont des extensions du pouvoir que donne la métallurgie.

Le mythe du marché est dénoncé en tant qu’il est présenté comme une institution naturelle et un lieu de paix, alors que l’échange masque la violence des rapports sociaux. Aujourd’hui les ‘marchés financiers’ sont investis de la toute-puissance naguère associée à Dieu. Le marché (le recours à la valeur marchande) n’a pas émergé spontanément d’échanges entre individus comme l’explique naïvement Adam Smith mais de la guerre, de l’imposition du recours à la monnaie. Le marché permettait de payer les armées via l’impôt (ce qui permettait des conquêtes, des prisonniers réduit en esclavage pour exploiter les mines, donc la fabrication de monnaie, etc.) L’empire romain a représenté une première apogée de ce système. Sa chute peut s’expliquer par le tarissement de l’approvisionnement en métaux précieux suite à une épidémie. Les premières sociétés par actions (qui, n’ayant pas de détenteurs physiques, sont ‘immortelles’) apparaissent dans l’empire romain, les ‘sociétés publicaines’, qui récoltaient les impôts, tels les fermiers généraux de l’Ancien Régime. C’est aussi sous les Romains que s’élabore le droit de propriété comme pouvoir de disposition total, le dominium. L’effondrement de l’empire signifie aussi une libération pour une grande partie de la population : les paysans qui travaillent une bonne partie du temps pour eux-mêmes et en communauté (même les serfs n’appartiennent à personne). Marc fait remarquer le parallèle avec l’analyse de Marx (le contraste entre l’échange en fonction des besoins, basé sur la valeur d’usage, et l’échange capitaliste qui vise à produire davantage d’argent).

Le chapitre 4 examine le lien entre sentiment d’impuissance vécu comme trauma et la pensée apocalyptique comme idéologie, où la destruction du monde est à la fois salut et vengeance. Les occupations impériales, le colonialisme, les déplacements de population, la privatisation des terres et les paysans réduits à tenter de vendre leur force de travail, les bombardements (que ce soit à Coventry, à Dresde, à Marioupol, sur la bande de Gaza…) suscitent la rancœur et la haine, et souvent entraînent la répétition du traumatisme en même temps que l’aspiration à un monde radicalement autre, sur notre terre ou ailleurs. L’apocalypse de Daniel répond à la tyrannie (physique, économique et idéologique) d’Antiochos IV mais elle ne débouche pas sur une libération mais sur un autre empire, qui exige obéissance. L’apocalypse de Jean, elle, se veut universelle, à la fois gore et bad trip, elle sépare les élus des damnés, socle nécessaire à la mission rédemptrice. De nos jours, la démocratie ou le libre marché ont remplacé le Royaume de Dieu. A cette vision eschatologique, Scheidler oppose sa lecture du ‘mouvement de Jésus’, ancré dans le quotidien de notre monde, égalitaire, et résistant à l’occupant romain.

Le court chapitre 5 parle de la mission comme fondement de l’universalisme occidental. La notion de mission est omniprésente autour de nous (les écoles, les entreprises, les gens, il faut définir des missions partout), et le missionnaire (qui sera aujourd’hui peut-être plutôt ‘expert en développement’) est celui porte la connaissance et va sauver les autres de leur ignorance coupable. Saul de Tarse / Paul est le premier grand missionnaire chrétien ; il inverse le message du mouvement de Jésus, tout en gardant l’aspect subversif : s’appuyant sur le mythe de la résurrection, il s’agit maintenant d’attendre le Jugement dernier. Ceux qui ne veulent pas entendre seront éradiqués. Avant les massacres au nom du Christ Roi outre Atlantique au 16e siècle, les troupes qui accompagnaient Boniface, suivies quelques siècles plus tard par les Chevaliers Teutoniques, sont allées imposer la civilisation chrétienne en Europe centrale et orientale.

Le chapitre 6, ‘Monstres’ couvre la période allant de 1348 (douze ans après le début de la guerre de Cent ans, la peste noire déferle sur l’Europe) à 1648 (fin de la guerre de Trente Ans) et a comme sous-titre ‘la réorganisation du pouvoir et la naissance du système-monde moderne’ : la fin du Moyen-Âge et le début des ‘Temps moderne’ est tout sauf une émergence à la lumière de la raison, c’est au contraire un tournant historique inverse qui voit se ressouder l’alliance des ‘quatre tyrannies’ et se généraliser les répressions violentes, voire les génocides, au nom de l’accumulation sans fin de profits, ceci alors que le sort de la majorité de la population d’Europe occidentale s’était nettement amélioré à la dissolution de l’Empire romain (la terre n’était plus un bien à acheter, elle était prêtée et souvent cultivée en communautés villageoises ; l’exercice de la guerre était limité par la priorité donnée à la culture de la terre). La croissance démographique et l’augmentation de la production agricole autour de l’an mil permettent le développement de corporations d’artisans, qui régulent les prix et les conditions de travail, mais s’accompagnent d’une recrudescence des inégalités sociales donnant lieu à divers ‘mouvements de la pauvreté’, dont François d’Assise ou les Albigeois, exterminés au terme d’une croisade de vingt ans. Au 14e siècle, de mauvaises conditions climatiques ramènent la misère ; à la famine s’ajoute la peste, qui fauche un tiers de la population d’Europe occidentale. Désormais dans un rapport de force favorable face aux élites féodales, un peu partout les paysans et les artisans se sont soulevés pour réclamer une société égalitaire, et dans beaucoup de cas, sont arrivés au pouvoir, mais partout aussi la répression fut sanglante et déboucha sur la généralisation de la terreur par l’Inquisition et la pratique de la torture (c’est aussi alors que la chasse aux sorcières prend son essor, pour plusieurs siècles).

Dans les cités-états italiennes (Venise et Gênes), puissances militaire et maritime et pouvoir économique (capital commercial) se confondent. Elles financent les croisades, qui sont déjà de vastes opérations de remboursement de dettes au prix de massacres sans nom. Les guerres reprennent en force, et sont de vraies boucheries : il n’est plus question de faire des prisonniers selon le code de chevalerie mais d’instiller la peur. Dans un premier temps, elles sont menées en achetant des milices de mercenaires, à l’instar de Blackwater ou des Wagner, la plus célèbre à l’époque étant celle de Wallenstein pendant la guerre de Trente ans. Mais les troupes mercenaires se vendent au plus offrant. Dès que les conditions de financement le permettent, les états mettent sur pied des armes permanentes. Le financement des guerres se fait par des emprunts aux banques (peu importe leur couleur religieuse).

Extraction minière et fabrication industrielle d’armures et d’armement (qui entraîne l’abattage des forêts) contribuent à cette recrudescence de violence qui se déchaîne outremer avec le génocide des populations indigènes de l’autre côté de l’Atlantique ou dans les îles de l’archipel indonésien et l’écrasement des mouvements égalitaires en Europe, où l’appropriation des terres par de grands propriétaires entrepreneurs transforme des paysans en vagabonds qui n’ont plus d’autre choix que de vendre leur force de travail pour un salaire de misère. Les révoltes se multiplient à travers l’Europe (et sont durement condamnées par Luther, qui se range du côté des princes) ; le royaume anabaptiste de Munster, où sont brûlés les registres de dettes, qui est radicalement égalitaire et en dehors de toute église et de tout État, est emblématique, aussi dans son impuissance face au complexe militaro-monétaire.

C’est aussi l’époque où naissent, en même temps que la comptabilité à partie double et les bourses de valeurs, les sociétés par actions, où toute responsabilité personnelle a disparu, qui sont immortelles par définition et n’ont d’autre finalité que produire toujours davantage de profit (la première était la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, suivie par des compagnies similaires en Grande Bretagne et en France).

La dernière section, ‘Puissance et impuissance dans le système-monde moderne’, résume le propos. Le système aliénant qui se met en place au début des Temps modernes repose sur un mouvement perpétuel vers toujours plus de capital monétaire, la puissance politique étant fondée sur l’endettement, et entraîne nécessairement l’appauvrissement de la majorité de la population. Il y a bien système parce qu’« aucune des parties ne peut exister sans les autres, quand tous les éléments sont des composantes d’une totalité supérieure ».

Le chapitre 7, ‘Machine’ couvre les deux siècles allant de 1600 à 1800 et montre comment les sciences mécanistes (Descartes, Bacon, Hobbes…) ont réduit le monde extérieur, la nature, l’homme lui-même au statut de mécanisme, de machine. La nature est donc là pour être exploitée, l’homme pour être contrôlé, remonté comme une horloge, astreint à des tâches mécaniques, éventuellement tué. (L’auteur nous rappelle les conflits d’intérêts chez l’essayiste Francis Bacon, qui était tout à la fois actionnaire d’une société coloniale, procureur général, juge à la cour suprême et membre du parlement.)

L’appareil d’État devait venir à bout de l’opacité des organisations locales, tracer des cartes, dresser des cadastres, imposer des mesures, une monnaie et une langue uniques. Dans le même temps, les États se livrent d’emblée à une concurrence fiscale pour attirer les capitaux (où une autre forme d’opacité peut être encouragée).

Les forêts sont gérées comme des armées : leur rentabilité est mesurée par l’imposition de normes et dans un premier temps augmentée par des plantations équiennes et mono-spécifiques ; mais la destruction du tissu de vie assuré par l’interaction de différentes espèces et du sous-bois entraîne leur mort (Waldsterben).

La transformation des villes pour contrer les insurrections populaires a, elle, été une réussite du point de vue des classes dirigeantes, comme en témoigne l’écrasement de la Commune de Paris, en partie grâce aux grands boulevards tracés par Haussmann.

Le pouvoir doit tout voir – plus un arbre, plus un brin d’herbe, nous pensons à la terre dévastée de T.S. Eliot (ou à ces mots de David Jones : « Il n’y a pas d’ombre pas d’ombrage, pas d’ombrage à caresser, pas de murs sur la lande, pas de perspective; tout est en deux dimensions dans la Zone »), car on ne peut tout connaître qu’au prix de la mort.

Comment l’homme est-il transformé en machine ? Par le biais de l’armée et souvent de l’école, mais aussi par le travail salarié qui, contrairement à l’esclavage et au travail forcé, fait participer les travailleurs à leur propre aliénation.

Le titre du chapitre 8, ‘Moloch’, qui renvoie à un dieu dévoreur (à l’instar d’Ésus ou de Chronos), une divinité associée à la terre et aux enfers, sert de métaphore à la mise en place de formes de destruction totale, de 1712 à 1919. Avec la troisième révolution du complexe métallurgique, nous entrons dans l’ère du capitalocène. L’utilisation du charbon de terre permet de localiser les usines dans les villes, là où s’entassent les paysans expulsés de leur terre et contraints, souvent par la famine, de vendre à vil prix leur force de travail (et souvent aussi leur corps). Au nom du ‘marché libre’, mais en fait au bénéfice des patrons, les quelques mesures sociales qui existaient au Royaume-Uni sont abrogées et tout qui (hommes, femmes et enfants) est découvert sans travail et/ou sans domicile est enfermé et condamné aux travaux forcés dans des ‘workhouses’ (des ‘maisons de travail’ qui sont de véritables pénitenciers). La population ouvrière, déracinée, va se construire une nouvelle culture grâce aux syndicats et aux maisons du Peuple.

La notion de nation est développée par la classe moyenne et les fonctionnaires (ceux qui servent l’État) ; il s’agira soit d’un ensemble de citoyens égaux en droit quelle que soit leur origine, soit d’une communauté définie en termes de rejet de l’autre. Ce rattachement imaginaire, soutenu par les institutions qui fabriquent le consentement (armée, médias, c’est-à-dire à l’époque les journaux de la classe dominante et trop souvent école), va s’avérer très utile pour mobiliser les troupes lors de la grande boucherie de 1914-1918.

Le siècle qui va de Waterloo 1815 à juillet 1914, parfois curieusement appelé la ‘paix de cent ans’, a en fait été marqué par des massacres coloniaux à grande échelle, au nom de la civilisation nourrie d’une vision nécessairement raciste. Il fallait éradiquer la culture locale et miner l’autonomie matérielle (la possibilité de survie des populations). Ne reste plus alors qu’à imposer un commerce inéquitable et à exploiter à mort (les gens et les ressources). La mitrailleuse (1885) s’avère un auxiliaire utile pour tuer en série (66 balles par minute). La colonisation de l’Inde illustre les mécanismes par lesquels l’Occident a réduit des régions prospères à la pauvreté : interdire toute activité manufacturière, obliger à exporter des matières premières et à acheter les produits fabriqués dans la métropole, exiger des impôts en argent et donc endetter la paysannerie. Comme en Irlande à peu près à la même époque, quand surviennent des famines dues en grande partie à la destruction des structures permettant d’atténuer les effets de mauvaises conditions météorologiques, de grandes quantités de nourriture continuent d’être expédiées aux nouveaux propriétaires européens tandis que les marchands spéculent d’autant mieux que les Bourses de valeurs se multiplient et ainsi, par l’augmentation des prix, propagent la famine.

Pour la Chine, cette deuxième moitié du 19e siècle est l’ère de la grande humiliation. S’appuyant sur les mafias locales (les Triades), l’Angleterre impose à la force du canon la vente d’opium à l’Empire du Milieu, qui pratiquait depuis des siècles une « économie de marché non capitaliste » séparant l’État et le capital (307/256). La dernière confrontation militaire du 19e siècle est ce que les Anglais ont appelé la guerre des Boxeurs parce que les rebelles se battaient à mains nues (les révoltés chinois se désignaient eux-mêmes comme mouvement de l’union de la justice et de la concorde).

Au début du 20e siècle, la planète entière est mise à sac par le capitalisme. L’Allemagne s’impose comme nouvelle puissance. La Grande Guerre est la première où l’anéantissement des vies se fait industriel, y compris la recherche et la production chimique. C’est aussi le moment où en Europe aussi nous basculons dans un surréel sanglant dont Kafka est un bon interprète.

Le chapitre 9, ‘Masques’ dont la chronologie se superpose en partie à celle du précédent (1787 à 1945) parle moins d’extermination que de tentatives des uns pour gagner davantage de démocratie (« synonyme d’autodétermination et d’auto-organisation » 323/ 269) et des autres pour la contrer, ou à tout le moins la filtrer.

Scheidler rappelle que l’Europe n’a ni inventé ni propagé la démocratie mais au contraire souvent détruit des structures sociales où la parole de tous était entendue.

Face aux aspirations populaires qui s’expriment en France en 1789, les nantis vont trouver des parades. Le filtre de la représentation avait déjà été mis au point deux ans plus tôt dans la Constitution des États-Unis d’Amérique : seuls ceux qui possèdent sont à même de décider. Les Droits de l’Homme et du Citoyen consacrent également le caractère sacré de la propriété privée. Avant de perdre lui-même la tête, Robespierre va d’ailleurs enterrer – enfin décapiter – le mouvement des Enragés qui réclamait une véritable égalité, rassurant ainsi les marchands et les banquiers.

Le cas d’Haïti illustre le filtre de la dette : dans le sillage de la Révolution française, la population noire de Saint Domingue, cette île dominée par l’économie de plantation, se révolte et abolit l’esclavage ; l’armée haïtienne va même l’emporter sur des troupes de l’empereur. Mais que fait la France sous Charles X ? Maintenant en bonne entente avec les Anglais, elle impose un blocus économique total qui contraint le gouvernement haïtien à accepter un dédommagement faramineux des planteurs expulsés, une dette quasi impayable qui fait perdurer l’économie d’exportation, donc la dépendance vis-à-vis des anciens colonisateurs ou de la nouvelle puissance coloniale, les États-Unis.

Au fil du 19e siècle, le droit de vote dans les ‘démocraties’ occidentales, était limité aux hommes blancs nantis. Quand il s’étend, au 20e siècle, d’autres filtres sont mis en place, essentiellement par le contrôle de l’opinion publique. La presse ouvrière est en déclin (ne peut faire face aux coûts de publication). Les conglomérats médiatico-industriels et financiers que nous connaissons aujourd’hui commencent à se mettre en place. Et en dernier recours, les classes dominantes peuvent toujours avoir recours à la violence, comme ce fut le cas lors de l’écrasement de la Commune de Paris.

Les conquêtes sociales sont toutes le fruit de luttes, jamais le résultat bénéfique de l’économie de marché. Si les combats ouvriers ont pu aboutir, c’est en partie à cause de la faiblesse que représentait la centralisation de l’approvisionnement en énergie. Une grève des cheminots ou des mineurs pouvait paralyser l’économie d’un, voire de plusieurs pays. Les classes dominantes devaient choisir entre une démocratie représentative à canaliser et un régime totalitaire ; beaucoup ont choisi la seconde option.

En Russie en 1917 une deuxième révolution préparée par la guerre amène le parti bolchevik au pouvoir. Le rêve d’un véritable pouvoir aux soviets (conseils de travailleurs) est très vite enterré, d’autant que l’intervention étrangère renforce la bureaucratie et conduit à un capitalisme d’état. Ici Scheidler met en évidence des parallèles entre la pensée de Lénine et celle de grands bourgeois défendant des intérêts de classe comme Madison ou de planificateurs tayloristes comme Rathenau en Allemagne. Pourtant la Russie ‘soviétique’ représentait la hantise des dirigeants occidentaux, qui devaient trouver comment éviter une démocratie véritable sans pour autant laisser la population se tourner vers le léninisme.

Walter Lippmann énonce les principes d’une démocratie dirigée, où le « troupeau dérouté » (349 / 291) est guidé par une « classe experte », habilitée à comprendre la complexité des enjeux. Ces thèses trouvent un prolongement dans les travaux d’Edward Bernays sur la propagande (1928), comment manipuler la pensée, ceci en s’appuyant sur les partis, l’université (apparemment beaucoup plus au service de l’appareil d’état dans les pays germanophones ?) et les médias. Seul problème, il y a des gens qui s’obstinent à penser par eux-mêmes.

En Allemagne en 1918, la révolution spartakiste reste aux mains des ouvriers et des soldats qui s’organisent en conseils et paralysent l’empire. Ce qu’ils voulaient c’était abolir le « militarisme et [le] capital privé par l’autogestion ouvrière » (356 / 297). Mais ils ont été anéantis par des corps francs proto-fascistes rassemblés par les dirigeants du parti social-démocrate au pouvoir.

À peu près au même moment, le parti national fasciste est créé en Italie du Nord, en réponse aux conseils ouvriers qui établissaient une forme d’autogestion dans les usines et les grandes exploitations agricoles. Partout où pointait la menace de l’autodétermination, nous trouvons la tentation ou la matérialisation d’un pouvoir totalitaire chez les grands industriels et propriétaires fonciers. Pourtant entre 1936 et 1939, la Catalogne et quelques autres provinces espagnoles démontrent l’efficacité d’une production sans chef. Jusqu’à ce que ces expériences d’autonomie ouvrière soient écrasées par Franco avec l’aide de l’Allemagne nazie (et l’aide indirecte, par sabotage, du parti communiste fidèle à Moscou, ainsi que l’aide logistique de l’Occident). Partout on peut observer la collusion entre le grand capital et le pouvoir fasciste. L’admiration pour les régimes fascistes était d’ailleurs très répandue, comme en témoignent les citations de Churchill (359/299-300), ou le fait que le poète irlandais W.B. Yeats ait organisé une milice fasciste (les Chemises bleues). Il faut pourtant être conscient que les mouvements fascistes, aujourd’hui comme dans les années 20 et 30, sont suivis par des traumatisés dont la haine du système est manipulée pour sauver ce même système (363 / 303). Le nazisme a poussé la logique exterminatrice à son paroxysme, mais il n’est pas une forme d’aberration barbare : « Le pire massacre de l’humanité plonge ses racines au cœur de la ‘civilisation’. » (365 / 304).

Le chapitre 10, intitulé ‘Métamorphoses’, porte sur l’après-seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours. Il s’ouvre sur la mise au point et l’utilisation de la bombe atomique. Au-delà du contexte de la fin de la guerre et de l’avantage que ces explosions dévastatrices ont donné aux États-Unis sur l’URSS, le projet Manhattan illustre l’application de la technoscience à l’échelle industrielle et dans un secret qui la coupe de la société ; les innombrables ‘essais nucléaires’ qui ont eu lieu par la suite représentent une véritable guerre mondiale contre la Terre. Le développement du ‘nucléaire civil’ est militairement important puisque c’est ainsi qu’est produit le plutonium.

Pendant la période que l’on a appelée a posteriori les ‘Trente Glorieuses’, il semble que Capital et Travail se soient réconciliés : bien des demandes des travailleurs des pays occidentaux sont accordées par peur de l’extension du communisme, et aussi parce que les ressources sont disponibles, grâce à l’exploitation redoublée des colonies. Capitaux et techniques sont désormais disponibles pour produire à l’envi des objets dont le désir a été fabriqué. Ainsi la voiture individuelle, qui se généralise pendant ces décennies, est une absurdité économique et environnementale, mais il fallait que tournent les usines automobiles, que les fabricants de pneus écoulent leur marchandise et que les compagnies pétrolières vendent leur essence. C’est ainsi qu’aux États-Unis, un consortium de ces trois intérêts a démantelé les réseaux de transports publics. C’est alors aussi qu’émerge le mythe de la croissance du PIB comme gage de prospérité, alors qu’il est très lucidement mis en cause par Robert Kennedy.

Les luttes de libération nationale se développent et vont aboutir à des indépendances formelles, parfois au terme de guerres terribles (Algérie, Indonésie, Indochine, qui va devenir la guerre du Viet Nam…). L’Inde présente un profil particulier : Gandhi y prône avec succès le refus d’obéissance et l’autosubsistance ; les Anglais accordent l’indépendance sans utiliser la violence, mais en instillant la division religieuse par la Partition, qui va se solder par un bain de sang. Après l’assassinat de Gandhi, son successeur Nehru mettra en œuvre des principes diamétralement opposés.

Les anciens colonisateurs vont conserver leur pouvoir par le biais de l’idéologie du développement et l’endettement qu’ils induisent en finançant de grands projets inutiles. Les populations sont sacrifiées au mirage du Progrès. Quand un gouvernement fait mine de mettre en place des politiques visant un véritable développement autonome, il est promptement renversé. C’est le cas de Mossadegh en Iran (qui avait nationalisé le pétrole), de Guzman Arbenz au Guatemala (qui redistribuait les terres à ceux qui les cultivent, ce qui allait à l’encontre des intérêts de la United Fruit), de Lumumba au Congo (éliminé par la CIA et le gouvernement belge, et remplacé par Mobutu Sese Seko, qui va piller le pays), de Sukarno en Indonésie, remplacé par le fantoche Suharto, qui procède à une chasse aux communistes faisant plus d’un million de morts et permet aux multinationales de mettre le pays à sac).

Pourtant les années 60, culminant en 1968-69, sont marquées par une véritable révolution mondiale : il ne s’agit pas seulement de droits civiques et de répartition des richesses, mais de changer la vie, de libérer l’homme unidimensionnel (Marcuse), de rompre avec les quatre tyrannies (le marché, la violence d’état, le pouvoir idéologique et la pensée linéaire qui s’accompagne de la domination de l’homme sur la nature). La convergence des mouvements représente un vrai danger pour la mégamachine (2e vague du mouvement féministe, défense des droits des minorités, défense de l’environnement avec la création de Greenpeace et des Amis de la Terre, publication du rapport Meadows en 1972, multiplication des communautés de vie, révolution pédagogique).

La réaction prend plusieurs formes : la répression violente comme à Paris, Berkeley, Mexico, Prague, dans l’Ohio ou au Brésil) ; l’infiltration dans des groupes d’extrême-gauche et la mise en place de réseaux paramilitaires fascistes comme Gladio, ce qui a comme résultat une ‘stratégie de la tension’ ; de puissants groupes de réflexion comme la Commission trilatérale (US, Europe, Japon) en 1973 et son idéologue de choc Samuel Huntingdon. La ‘Grande Régression’, c’est ce qu’on a appelé la révolution néolibérale, une réaction conservatrice en économie, politique et idéologie qui profite de la crise de la dette pour imposer des transformations sociales profondes (économie de la dépossession) : (1) baisse des salaires, évasion fiscale, baisse du coût des ressources naturelles par la mise à genoux des pays producteurs incapables de rembourser leurs dettes suite à l’augmentation des taux directeurs et le recours forcés au FMI et à la Banque mondiale, avec ‘programmes d’ajustement structurel’ ; (2) expansion des activités spéculatives (privatisation des profits, socialisation des pertes, refrain connu) ; (3) destruction par la privatisation d’infrastructures nécessaires au fonctionnement de la société comme la santé, l’enseignement, les transports, la distribution d’eau. Pourtant ce n’est pas exactement du cannibalisme : la mégamachine ne se mange pas elle-même contrairement à ce qu’écrit Scheidler.

Face à la manière brutale dont l’exemple le plus parlant est le coup d’état de Pinochet, préparé par la CIA, le 11 septembre 1973 (les camionneurs étaient payés pour ne pas circuler, ils avaient dû remettre une pièce essentielle au démarrage, qu’ils n’ont récupérée qu’au lendemain du coup d’état), plus efficace sans doute sur le long terme, la propagande amène à croire que chacun est responsable de son bien-être, ne doit rien attendre des pouvoirs publics et se méfier de toute contrainte. Nous constatons dans le même temps une régression de la pensée critique, la privatisation des médias et la disparition des partis socialistes (devenus partis du centre-droit, acquis au néo-libéralisme dans les faits sinon dans le discours).

À l’Est, grand démantèlement. En URSS, Andropov, Secrétaire général du Parti communiste pendant 15 mois, s’était attaqué à la corruption et avait en vain tenté de redresser l’économie (c’est lui qui envoie l’armée se faire dérouiller en Afghanistan, parfaitement conscient que la mission était impossible). Conscient du danger pour l’économie, Gorbatchev a lancé des réformes fondamentales mais qui devaient préserver l’orientation socialiste ; il a été balayé par les apparatchiks devenus oligarques avec à leur tête Boris Elstine, soutenu par l’Occident, qui vont effectuer une véritable razzia sur l’économie. Quand le Parlement veut s’y opposer, Eltsine envoie l’armée, et ce coup d’état est célébré dans les médias occidentaux comme une victoire de la démocratie ! La Chine semble réussir un certain équilibre entre ouverture au marché et contrôle étatique, mais la politique économique fait des dizaines de milliers de paysans déplacés, laisse des ouvriers sans protection sociale.

Les interventions occidentales au nom de la démocratie laissent des états livrés aux narco-traficants et à la guerre de clan, voir l’Irak et la Libye.

Comme signalé plus haut, l’endettement des pays du Sud les livre aux conditions imposées par le FMI et la Banque mondiale. C’est notamment le cas du Mexique, dévasté une seconde fois (après Cortès), d’autant que s’ajoutent les clauses de l’ALENA (accord de libre-échange en Amérique du Nord), qui tuent son agriculture et son industrie. Les villes qui vivaient de l’industrie n’ont plus comme ressources que le trafic de drogue et la prostitution.

La dernière section du chapitre explore les limites sur lesquelles bute le système : épuisement des ressources ; accidents nucléaires ; crises financières (seulement 20% des transactions contribuent à la production, des solutions existent mais vont à l’encontre des intérêts de capitalistes) ; effritement de la loyauté citoyenne et montée du nationalisme, du rejet de l’autre (islam), de partis fascistes ; limites de la biosphère : le système détruit ses propres conditions d’existence (extinction des espèces, érosion et empoisonnement des sols, épuisement des ressources hydriques et montée des océans…).

La mégamachine se précipite dans le mur et ses pilotes jouent à l’aveuglette sur divers régulateurs, ce qui ne fait finalement qu’empirer la situation. Car les seuls outils qui pourraient maintenant nous être d’une aide quelconque n’ont jamais été prévus : un frein et une marche arrière. (439 / 364)

Le chapitre 11 présente des ‘Possibilités’ de se soustraire à l’emprise de ce système de domination que Scheidler nomme la mégamachine, ou, ici le système-monde capitaliste. Si l’on pense à la fin de l’empire romain, l’effondrement n’est pas nécessairement négatif. Néanmoins la situation actuelle présente trois facteurs de risque : (1) la présence de suffisamment d’ogives nucléaires pour faire sauter la planète ; (2) la destruction avancée de nos écosystèmes et (3) les problèmes d’approvisionnement que présente une civilisation hautement urbanisée.

L’auteur insiste sur la convergence et la coopération, ce qui exclut l’existence d’un plan directeur. Il faut désenchaîner l’imaginaire, sortir de la roue du hamster où la frustration conduit à la consommation compulsive et ainsi à davantage de servitude volontaire (La Boétie) et de frustration. Opposer à l’accumulation du capital des logiques de solidarité. Il prône un archipel d’initiatives, dont chacune est insuffisante, mais qui pourraient se combiner pour provoquer un point de bascule. Les pistes qu’il explore recoupent la plupart des chantiers d’ATTAC.

Parmi les préalables, il convient de couper les vivres aux multinationales et aux grandes banques en arrêtant toute subvention et en traquant l’évasion fiscale, d’affaiblir le complexe métallurgique et des énergies fossiles. La reconversion nécessaire, ce n’est pas la ‘transition’ vers des énergies renouvelables, qui ne fait que déplacer le problème, voire l’aggraver. Il donne en exemple l’initiative ‘Redémarrer la Suisse’ avec des ‘voisinages’ d’environ 500 personnes.

Si le Green Deal de l’UE (qui n’est même pas adopté) ne fait que moduler les procédures, toujours dans une optique de croissance, le Green New Deal proposé par Pollin et Chomsky vise la justice sociale et le passage du profit au bien commun.

En cas de nouvelle crise financière (qui semble inévitable), il ne faut plus que les pouvoirs publics ‘sauvent’ les banques privées à tout prix et sans condition, mais au contraire interviennent rapidement pour sauver les dépôts nécessaires, instaurent un contrôle public solide et redéfinissent le rôle des institutions financières. Spéculation et privatisation en matière de propriété foncière peuvent être enrayées si l’on favorise la socialisation des terres et des immeubles. Ceci s’applique également au monde du savoir (et donc exclut la brevetabilité du vivant).

Les dettes, qu’elles soient privées ou publiques, sont une forme de violence structurelle servant à consolider le pouvoir des créanciers. Elles peuvent être dénoncées comme odieuses ou illégitimes et répudiées, et/ou compensées par une fiscalité progressive sur les grandes fortunes.

Le fonctionnement actuel des marchés favorise l’exploitation de l’homme et de la nature ; il faut changer de cadre juridique, comme le projet lancé en Autriche qui vise à remplacer la compétition par la coopération, les grandes entreprises seraient contrôlées par les travailleurs et les rémunérations plafonnées (392). Les marchés doivent en tout cas être contrôlés, de même que les flux de capitaux. Ajoutons qu’il faudrait redéfinir la création monétaire à partir d’une théorie de la valeur basée sur la rémunération du travail.

Il convient également de redéfinir la croissance, de réorienter l’agriculture, de revenir à la production d’objets durables (voir Olivier Hamant).

Retrouver du sens passera par l’auto-organisation du travail, des échanges, par une revivification de la démocratie : des conseils locaux tant au plan politique qu’économique, un contrôle citoyen des prises de décision par des représentants. Nous soulignons le rôle de médias alternatifs, Blast, Global News, WikiLeaks, Thinkerview ou plus modestement L’Asymptomatique ou des blogs comme celui de Lordon ou de Jorion, ou Condroz belge…

Pour surmonter l’apartheid au niveau mondial, les règles du commerce international doivent être modifiées et les migrations saluées comme des mouvements de population induisant une régénération.

Les deux derniers points concernent la démilitarisation (dont nous ne prenons pas le chemin actuellement, hélas) et la nécessité de coopérer avec la nature au lieu de la dominer, et pour cela de respecter des traditions culturelles basées sur des rythmes de régénération. Par contraste, la mégamachine s’accommode fort bien des génocides quelle qu’en soit la cause (guerre, famine, épidémie, chaleur…).

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Chacune de nos rencontresétait enrichie d’échanges latéraux, notamment sur la subtilité des photos présentées côte à côte, et de suggestions bibliographiques dont voici quelques-unes :

le magazine Spirou avec ses planches ‘Titan Inc.’ ;

Rachel Carson, Le Printemps silencieux (1962)(traduit par Jean-François Gravrand), Plon, 1968

Patrick Declerck, Les Naufragés. Avec les clochards de Paris, Plon, 2001

Matthias Enard, Déserter, Actes Sud, 2023

Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, 1961,

— — , Peau noire masque blanc, 1952

Silvia Federici, Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive (essai traduit de l’anglais par le collectif Senonevero, revue et complétée par Julien Guazzini), Entre-mondes, 20214

Amitav Gosh, La Malédiction de la muscade. Contre-histoire de la modernité (2022) (traduit de l’anglais par Morgane Iserte), Le Monde qui vient, 2024

David Graeber, Bullshit Jobs (traduit par Élise Roy), Les Liens qui Libèrent, 2018

David Graeber et David Wengrow, Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité (traduit par Élise Roy, Les Liens qui Libèrent, 2021) ;

Graham Greene, Un Américain bien tranquille (A Quiet American,1955, traduit par Marcelle Sibon, Laffont, 1956, puis 10/18

Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage,Au Diable Vauvert, 2023

Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance : la troisième voie du vivant, Gallimard Tract, 2023

David Harvey, Villes rebelles. Du droit à la ville à la révolution urbaine (trad. Odile Demange), Buchet/Chastel, 2015

Martin Hirsch Les Solastalgiques (roman), Stock, 2023

Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes. L’Odyssée d’un homme au cœur de la nuit et les origines du génocide européen (trad. Alain Gnaedig), Le Serpent à plumes, 1999.

Timothy Mitchell, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole (trad. Christophe Jacquet), La Découverte, 2013

Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, Le Seuil, 2022

Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Le Seuil, 2013

— — , Capital et idéologie, Le Seuil, 2019

Walter Rodney, Et l’Europe sous-développa l’Afrique. Analyse historique et politique du sous-développement, éditions Caribéennes, 1986 (pas trouvé le nom du traductaire)

Salman Rushdie, Les Enfants de minuit (Midnight’s Children, 1982, traduit par Jean Guiloineau), Stock, 1983

Elie Sadigh, La Nouvelle théorie économique, L’Harmattan, 2012

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, traduit de l’hébreu par Sivan Cohen-Wiesenfeld et Jeannine Levana Frenk, Fayard, 2008 ;

Corbett H. Thigpen et Hervey M. Checkley, Les Trois visages d’Ève, traduit de l’américain par Boris Vian, Gallimard, 1958, sur la dissociation traumatique

J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux (1954-5), (traduit par Daniel Lauzon), Christian Bourgois, 2014-15

Éric Vuillard, La Guerre des pauvres, Actes Sud, 2019

— — , L’Ordre du jour, Actes Sud, 2021

— — , Une sortie honorable, Actes Sud, 2022


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