Le droit de chacun.e à avoir accès aux informations et aux idées, rappelé dans l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits Humains, fonde la mission du journaliste. La responsabilité du/de la journaliste vis-à-vis du public prime sur toute autre responsabilité, notamment à l’égard de ses employeurs et des pouvoirs publics. Le journalisme est une profession, dont l’exercice demande du temps et des moyens et suppose une sécurité morale et matérielle, indispensables à son indépendance.
(Charte mondiale d’éthique des journalistes)
https://www.ifj.org/fr/qui/regles-et-politique/charte-mondiale-dethique-des-journalistes
Les 20 et 21 février prochains aura lieu à Londres une audience importante dans la longue procédure d’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis.
Cette audience constitue une étape très importante dans cette procédure parce qu’elle pourrait être la dernière au Royaume-Uni.
Il s’agira en effet pour deux juges de décider si le dernier appel introduit par Julian Assange et son équipe de défense peut être entendu ou pas par la justice britannique.
Si l’appel est autorisé, la procédure continuera encore au Royaume-Uni (6 mois, un an peut-être).
Mais si l’examen de l’appel est rejeté, l’extradition d’Assange vers les Etats-Unis sera confirmée et ne pourra être bloquée que par une intervention de la Cour Européenne des Droits de l’Homme grâce à un article (le 39) de son règlement.
L’extradition serait alors bloquée durant le temps de l’examen de l’affaire par cette cour.
Vous vous rendez bien compte que de nombreux scénarios sont envisageables.
Mais en fait, il ne s’agit pas aujourd’hui de les imaginer.
Il s’agit pour nous, de rester fermes dans notre position par rapport au droit à l’information et par rapport à l’injustice qui consiste à punir le « messager » tout en laissant libres les responsables des crimes qu’il a dénoncés.
Nous sommes tous engagés dans des combats que ce soit au niveau local, national, international, que ce soit sur le terrain social, économique, politique et tous nous savons que si nous sommes privés d’information, si l’information que nous recevons est biaisée ou corrompue, nous ne pouvons pas faire un travail efficace.
L’information est une nécessité pour continuer nos luttes.
L’image que les Etats-Unis veulent mettre en avant en poursuivant Assange est que nous ne pouvons pas être informés de tout, qu’ils sont les décideurs de ce qui peut nous être dit et de ce qui doit nous rester caché !
Aujourd’hui à travers Assange, c’est le journalisme qui a commencé de se mettre en place grâce à WikiLeaks qui est visé, un journalisme qui protège ses sources et qui révèle des documents authentiques quand ils sont d’intérêt public.
Aujourd’hui, dans le monde plus de 500 journalistes (et professionnels des médias) sont en prison, certains sont assassinés.
A Gaza, l’indication Press sur les vestes des journalistes au lieu de les protéger, les transforme en cibles.
Aujourd’hui, si Assange est extradé, les Etats-Unis se seront attribué et se seront vu reconnaître le droit de poursuivre n’importe quel journaliste qui révélera des faits les concernant où qu’il soit. Un exemple qui pourra être suivi par tous les pays qui le décideront.
Se battre pour la libération d’Assange, l’abandon des charges à son encontre, c’est éviter que ce modèle de rétention d’informations -utiles au plus grand nombre mais dangereuses pour les pouvoirs- ne s’étende à travers le monde. Bien sûr, il existe déjà mais nous pouvons faire en sorte d’empêcher que ce modèle ne détruise notre droit d’accès à l’information.
Nous pouvons surtout faire en sorte qu’informer ne devienne pas punissable, nous pouvons faire en sorte que le journalisme puisse continuer sa mission qui découle de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Nous avons besoin de l’information, battons nous pour qu’elle reste un droit pour nous et une mission pour la presse.
Liberté pour Assange
Le journalisme n’est pas un crime.