Pas un poumon mais un cœur climatique de la Terre !

Dés son introduction Zürcher relève deux ou trois nouveautés à propos des arbres et des forêts :

1) « Les météorologues et climatologues, nous on récemment fascinés lorsqu’ils ont découvert que les forêts provoquent leurs propres pluies ce qui nous oblige à considérer les arbres et la forêts différemment. Graines de nuages. Que ce soit au-dessus de la forêt tropicale amazonnienne ou des forêts boréales de résineux, la formation de nuages et les précipitations qui suivent ont lieu grâce à une forme d’ « ensemencement » par des microparticules d’origine organique. Les substances gazeuses émises par les arbres – des composants organiques volatils – subissent sous l’effet de la lumière une condensation photochimique, et agissent alors comme des « noyaux de condensation de nuages ». Les spores de champignons, les grains de pollen et les débris végétaux microscopiques émis également dans l’atmosphère ont le même effet.1 Science, 17 septembre 2010 ; Nature, 27 février 2014. [ Ce que les autochtones de tous les continents savaient : couper le forêt assèche le climat ! C’est aussi la façon de faire pour rabattre les poussières on asperge l’endroit de gouttelettes d’eau. ]

2) Une nouvelle compréhension des grands processus hydrologiques et géoclimatiques qui déploient leurs cycles au niveau de la planète nous oblige à reconsidérer le rôle que les grands massifs forestiers jouent réellement. Un modèle qui nous vient de Saint-Pétersbourg2. L’analyse des données climatologiques et hydrologiques leur permet de constater que ce ne sont pas les masses d’air en mouvement qui sont à l’origine du cycle hydrologique (modèle généralement admis jusqu’à ce jour), mais au contraire les changements de phase de l’eau dans l’atmosphère au-dessus des forêts qui provoquent le déplacement des masses d’air. En effet, l’eau nécessite une énergie considérable pour s’évaporer au-dessus de la forêt (600 calories par gramme), énergie quelle restitue sous forme de chaleur en hautes atmosphère au moment de la condensation et de la formation des pluies. Ainsi, l’impact extrême du rayonnement solaire au niveau de l’équateur est absorbé grâce à des écosystèmes riches en eau et en biomasse dans ces zones du globe – basins amazonien, congolais et indomalésien. Parallèlement à cela, la rapidité du processus de condensation par rapport à la lenteur de celui d’évaporation crée une différence de pression avec effet d’aspiration. La forêt amazonienne fonctionne alors comme un gigantesque cœur hydrologique (biotics pump), attirant les masses d’air de l’Atlantique et les enrichissant en eau, pour effectuer une demi-douzaine de cycles d’évapotranspiration- précipitation, progressant d’est en ouest – pour finalement s’élever dans le massif des Andes et dévier vers le nord (Gulf Stream) et vers le sud (Argentine) en donnant naissance à des pluies chaudes à des latitudes éloignées de l’équateur. On peut donc voir les forêts tropicales comme une composante de la biosphère garantissant à la fois le fonctionnement et la stabilité du grand cycle géoclimatique. Dans ce contexte, les chercheurs mettent en évidence un autre phénomène essentiel : si une zone côtière est déforestée sur une largeur de 600 kilomètres ou plus, les masses d’air océanique humide ne peuvent plus gagner l’intérieur des terres, condamnant leurs forêts à y dépérir. P. Bunyard3, 2015.

3) Au-delà d’un simple recyclage des précipitations au niveau local, les forêts sont à l’origine d’un transfert d’humidité atmosphérique des océans vers l’intérieur des continents, grâce à des cycles répétés d’évapotranspiration-condensation-précipitation. La reconnaissance de ce rôle va nous amener à réévaluer l’importance des forêts naturelles et la nécessité de les maintenir pour assurer le fonctionnement des régimes hydrologiques terrestres.

Le « cœur climatique » de la Terre menacé »

Dans ce contexte, la situation actuelle est probablement beaucoup plus critique qu’on ne l’imaginait jusqu’alors. En effet , certain experts estiment que la forêt amazonienne ne devrait pas passer au-dessous du seuil de 70% de sa surface initiale si ce « coeur climatique » doit pouvoir continuer à battre. Le danger réside dans les coupes rases effectuées sur de grandes surfaces, entamant les massifs naturels fermés très riches en eau, dont on sait qu’ils ne peuvent brûler spontanément. Il se forme ainsi des front de coupe exposés à, un rayonnement solaire intense, provoquant un dessèchement des arbres mis à nu. Les incendies de forêt peuvent alors se déclencher, s’autoalimenter de façon accélérée et devenir incontrôlables. Ce phénomène a déjà provoqué des ravages en Indonésie et en Malaisie à la suite des déforestations à grande échelle effectuées au profit de plantation de palmier à huile. Perspective à long terme, si cette tendance suit son cours dans le Bassin amazonien : une désertification dramatique de l’écosystème le plus vital de notre planète.

Ce qui précède place clairement l’arbre et les forêts au centre du fonctionnement de « l’organismeTerre ». De ce fait, l’arbre représente le levier à l’échelle humaine qui permet d’agir pour le maintenir ou même la restauration des fonctions vitales de notre planète.

********************

Le Bassin indonésien /malaisien est aussi sacrifié pour nos agrocauburants (huile de palme pour les diesels ! 800,000 t /an avec autorisation spéciale de Macron …). C’est là une explication des pluies diluviennes sur l’Inde et l’Himalaya.

1Bunyard, P., « Without its Rainforest, the Amazon Will Tuurn to Desert », The Ecologist, 2 mars 2015.

2Modèle géoclimatique développé par Victor Gorshkov et Anastassia Makarieva, du département de physique théorique de l’Institut de physique nucléaire de Saint-Pétersbourg.

3Bunyard, P., « Without its Rainforest, the Amazon Will Tuurn to Desert », The Ecologist, 2 mars 2015.


A la une !