Depuis quelque temps, on voit apparaître dans beaucoup de nos musées des expositions « immersives », dernièrement au Musée de la Boverie « Inside Magritte ».
Ces expositions sont fournies « clés sur porte » par des sociétés privées, en l’occurrence principalement l’agence Tempora, créatrice d’évènements. Cette agence avait déjà mis en place l’exposition Warhol ainsi que celle sur l’hyper réalisme.
Je viens de voir l’expo sur Magritte, elle est peu représentative de l’œuvre de ce peintre. Nous assistons pratiquement à une séance de cinéma projetée sur les murs, avec effets spéciaux. On ne distingue plus l’œuvre originale de celle conçue par Tempora. Cela n’apporte rien, aucune émotion, aucun questionnement.
Une « main mise » sur la culture est peut-être en train de s’imposer insidieusement.
On peut se poser des questions sur la légitimité de l’introduction de ce genre de société dans nos musées. N’avons-nous plus de directeurs de musées capables d’élaborer des expositions cohérentes et sans bling-bling, où seule la beauté des œuvres nous touchera ? Si, il y en a : à Mons au BAM, une sublime exposition toute en sobriété avec une explication très claire de la démarche du peintre Fernando Botero a été mise en place dans un environnement dépouillé, laissant toute la place à l’art de ce peintre contemporain et donc aux émotions. Une belle réussite à prendre en exemple, mais qui devient de plus en plus rare !
Des sociétés comme Tempora nous fournissent surtout de la consommation facile et simpliste, d’un niveau s’adressant plutôt à des enfants. C’est bien mais c’est loin d’être suffisant.
Des expositions du même acabit ont été organisées aussi par ces mêmes agences, il y a peu à Bruxelles sur Klimt (accrocheur, c’est doré !), sur Van Gogh. Elles attirent du monde, ce qui est bien, mais participent à la marchandisation de la culture. Les musées auraient-ils oublié leur rôle didactique ?
Il est vrai que le monde de l’art est depuis longtemps un monde de spéculation où certains nantis achètent des œuvres d’art pour les planquer dans des containers en « Zone Franche » où les dépôts sont anonymes et, bien sûr, non taxés. C’est pourtant notre patrimoine, celui de l’humanité entière qui nous est dérobé. Encore une fois, le capitalisme nous en prive.
On a vu l’importance de la culture depuis la crise du Covid. Non elle n’est pas réservée à une élite, elle est notre bien à tous et nous devons exiger des moyens à la hauteur de nos attentes (par exemple, l’entretien des bâtiments ou la rénovation de certains musées). Un budget prévu aussi dans l’enseignement, pour instaurer notamment des cours d’histoire de l’art ou de culture en général : littérature, musique et bien d’autres choses qui permettraient aux élèves d’apprécier l’art dans toute sa beauté et de ne pas se laisser fasciner par les technologies numériques.