105 Jules Falquet, Imbrication. Femmes, races et classe dans les mouvements sociaux, édition du croquant, 2019, 302 p.

Dès les remerciements et les dédicaces, nous sentons vibrer la fibre militante de la sociologue engagée qu’est Jules Falquet, un engagement qui marque l’ensemble du livre, du choix de dénominations comme Abya Yala pour les Amériques ou Améfrique ladine, à l’écriture inclusive (avec point médian) et, plus fondamentalement, à l’apport que représente ce volume à la compréhension des façons dont peuvent s’inscrire les luttes féministes dans l’ensemble des combats révolutionnaires contre toute forme d’oppression.

Plutôt que des attributs individuels, classe, sexe et ‘race’ sont le résultat, historique et arbitraire, de rapports sociaux, des constructions politiques, nécessairement imbriquées. . Le genre dans une perspective de ‘féminisme radical et lesbianisme politique’ est une construction politique qui s’inscrit dans le cadre de luttes et de rapports de force.

L’autrice étudie des mouvements féministes sur une période d’un peu plus de trente ans et pour la plupart outre-Atlantique. Les trois premiers chapitres partent d’une expérience circonscrite dans l’espace et le temps : les (ex)guérillères au Salvador, les Indiennes zapatistes au Chiapas, un groupe de féministes noires aux États-Unis (le Combahee River Collective). Les chapitres suivants couvrent des mouvements féministes dans l’ensemble de l’Amérique latine et de la Caraïbe et tracent une évolution qui n’est pas toujours émancipatrice (dépendance croissante vis-à-vis d’institutions internationales et d’ONG de développement).

Falquet note, observe, dégage des rapprochements ou souligne des contrastes, mais ne juge jamais.

L’ouvrage se termine par quatre ‘ouvertures’ : la critique du concept de genre, qui dépolitise et ne permet pas de penser la complexité des rapports sociaux ; la critique des identités, utiles en ce qu’elles permettent de visibiliser des situations historiques, mais qu’il ne faut pas essentialiser ; l’importance de penser en termes d’imbrication de rapports sociaux et enfin le ‘tournant décolonial’ qui marque les luttes féministes et lesbiennes aujourd’hui.


  • Publié : 4 ans ago on 4 mai 2021
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  • Dernière modification : mai 4, 2021 @ 3:37 pm
  • Catégorie : Livres

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