Fêter noël en jaune, ça vous dit ? Les mobilisations rouges et vertes se multiplient et trop souvent s’essoufflent. Appareils syndicaux divisés, elles ne réclament un changement de système que du bout des lèvres, et surtout du côté francophone. Survient alors cet automne, en France et en Belgique, à l’occasion d’une taxe sur les carburants, le mouvement des Gilets jaunes, fort de ses faiblesses mais aussi vulnérable. Spontané, refusant toute organisation, toute représentation ; ancré dans l’indignation contre les injustices sociales et fiscales ; dénonçant l’État mais réclamant de bons services publics et une fiscalité équitable. Jacquerie vite oubliée, expression de colère que risque de récupérer l’extrême-droite ou ébauche d’un changement politique et économique en profondeur ? À chacune et chacun de voir comment contribuer au mouvement et renforcer ainsi son aspect ‘Front social’.
Pendant ce temps-là, le gouvernement fédéral fait son cinéma pré-électoral. La N-VA rallie son électorat xénophobe ; le MR fait mine de l’envoyer dans les cordes ; les migrants servent de punching ball ; et le climat, oh le climat, vous savez, nous verrons ça plus tard – quand nous serons rôtis telles sardines au barbecue, engloutis par la montée des mers ou étouffés à l’hexafluorure de soufre ou autre gaz imprononçable et indétectable ?
Dans cinq mois (ou moins), nous allons voter. Au vu de la façon dont les choses se sont passées après les communales, on peut comprendre le soupir ‘ça sert à quoi ?’ Cela sert au moins à montrer quand les choix – les préférences, les désaveux – des électrices ne sont pas respectés. Sinon comment savoir ? Trois niveaux, donc, fin mai : le régional, et là, en Wallonie et à Bruxelles, il faudrait une confirmation massive du vote rouge-vert des communales ; le fédéral, où le brun de la N-VA/VB risque bien de tout écraser – y aura-t-il un guignol francophone pour donner la réplique ou allons-nous vers une crise institutionnelle profonde ? ; le Parlement européen, enfin, qui n’a presque rien à dire et reste dominé par la droite du PPE. Nous avons des questions, des attentes, des exigences. Nous avons le droit et le devoir non seulement de les faire connaître, mais de suivre le travail de nos mandataires et de leur rappeler leurs promesses. Autant dire qu’il y a du pain sur la planche.
Néanmoins, que ces semaines où nous célébrons de bien des façons le retour de la lumière, où nous fêtons de bien des manières des jours qui redeviennent plus longs, vous soient douces et chaleureuses !