Le Réseau pour la Justice Fiscale (RJF), réunit des Syndicats, des ONG, des mouvements et associations de Wallonie et de Bruxelles, attachés à la juste contribution (les impôts et taxes…) de toutes et tous pour plus de justice sociale et d’accès aux droits. Il a rappelé récemment, dans le contexte de ses observations sur le programme du gouvernement De Wever, dit coalition Arizona, qu’« il est possible, pour un gouvernement, de dénaturer la fonction civilisatrice de l’impôt et d’en faire une outil de division et de mérite, injustement prélevé, injustement réparti. »
Le communiqué présenté par le RJF le 17 octobre, à la journée de lutte contre la pauvreté, se centre sur un droit de base aujourd’hui en danger : le droit à une alimentation saine et de qualité.
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Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler une évidence trop souvent oubliée : le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental. Chacune et chacun devrait pouvoir manger à sa faim, chaque jour, avec des aliments sains et de qualité. Mais ce droit n’est pas garanti. Or, nous avons un outil puissant pour y parvenir : la justice fiscale.
La fiscalité, ce n’est pas une abstraction : c’est ce que nous mettons ensemble dans le pot commun pour faire société. C’est ce qui finance nos écoles, nos hôpitaux, notre sécurité sociale. Sans elle, impossible d’assurer la protection contre les coups du sort, impossible d’offrir à chacun les moyens de vivre dignement, de s’émanciper et de bénéficier d’une meilleure égalité des chances.
Une fiscalité juste, c’est une fiscalité qui réduit les inégalités et qui partage mieux les richesses que nous contribuons à créer. Et si elle était appliquée avec courage, elle permettrait de garantir ce droit à l’alimentation.
Concrètement, cela veut dire :
- Soutenir nos producteurs locaux, plutôt que de laisser les grandes multinationales dicter leur loi. Une agriculture paysanne et durable, rémunérée dignement, c’est la base de notre souveraineté alimentaire.
- Garantir des revenus suffisants pour les ménages les plus modestes. Parce qu’accéder à une nourriture saine n’est pas une question de choix personnel, c’est une question de moyens.
Tout cela relève de choix politiques. L’État peut décider de distribuer des cadeaux fiscaux aux plus riches… ou bien de mettre ces moyens au service de l’intérêt général. Avec une fiscalité orientée vers le social et l’écologie, on aurait une alimentation plus accessible pour tous, une meilleure santé publique, et un impact positif sur l’environnement.
Mais les choix actuels du gouvernement De Wever nous mènent dans la direction inverse.
Le blocage des salaires est prolongé, alors que de plus en plus de travailleurs ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois. Le travail ne protège plus de la pauvreté.
La première mesure d’économie décidée par le gouvernement a été de supprimer l’enveloppe bien-être. Une économie de près de 3 milliards d’euros sur les pensions et les allocations les plus basses. Une telle mesure frappera de plein fouet des gens qui galèrent déjà à boucler les fins de mois.
Les allocations familiales sont gelées, alors qu’un enfant sur quatre vit déjà dans la pauvreté en Wallonie. Et pendant ce temps, des centaines de millions d’euros de cadeaux fiscaux sont accordés aux plus aisés, via des réformes qui profitent avant tout aux grands héritages et aux hauts patrimoines.
À partir de 2025, les très hauts salaires ne paieront plus de cotisations sociales sur une partie de leurs revenus. Résultat : moins de recettes pour la sécurité sociale, et le risque de nouvelles coupes dans nos filets de protection.
Bien sûr, il y a la fameuse taxe sur les plus-values, qui est supposée faire contribuer les plus riches du pays à l’effort collectif. Mais il s’agit d’un tel gruyère que les plus riches y échapperont sans difficulté et que seule une partie de la classe moyenne devra s’en acquitter.
En clair, on demande aux mêmes de se serrer la ceinture, pendant que les plus riches bénéficient d’avantages supplémentaires. Ce n’est pas seulement injuste : c’est dangereux. Cela creuse les inégalités, accroît la précarité, et menace directement le droit à l’alimentation.
Nous le répétons : indexer les salaires et les allocations sur l’inflation n’est pas un luxe. C’est la condition minimale pour que les gens gardent la tête hors de l’eau et ne décrochent pas. Un revenu suffisant n’est pas seulement un droit moral ou légal, c’est un investissement social. Des personnes correctement rémunérées et soutenues par la sécurité sociale sont en meilleure santé, contribuent à l’économie locale, et renforcent la cohésion de toute la société.
Face à la pauvreté et à la faim, il n’y a pas de fatalité. Ce sont des résultats de choix politiques. Et d’autres choix sont possibles. Faire contribuer ceux qui en ont les moyens. Lutter contre l’évasion fiscale. Supprimer les niches injustifiées. Investir dans le bien commun, dans des services publics de qualité et dans une société qui ne stigmatise pas et qui ne laisse personne sur le bord de la route.
Choisir la justice fiscale, c’est choisir une société où plus personne ne doit hésiter entre payer ses factures et remplir son frigo.
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[ Illustration adaptée d’un visuel du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté. ]


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