Bonjour !
Considérez cet envoi comme un mensuel: on le laisse traîner, on lit de temps en temps un article, rarement tous, et on le met au panier quand vient le numéro suivant, ou aux toilettes (pas dans les toilettes, c’est déconseillé) une fois tous les trois mois.
Comme notre titre ne l’indique pas tout à fait, voici quelques contenus Internet récents, en texte ou en vidéo, dont l’impression subsiste après connaissance : longs en bouche et peut-être en mémoire.
Quinn Slobodian, historien canadien et professeur d’histoire globale à Boston, est l’auteur de Le Capitalisme de l’apocalypse – Ou le rêve d’un monde sans démocratie, qui vient d’être traduit en français. Entretien sur Radio-France, 43 minutes.
Il y a au monde 5.400 zones économiques spéciales, des enclaves dérégulées hors droit national et fiscal, favorables aux investisseurs « mobiles ». Cette réalité montre comment le capitalisme prospère par la fragmentation, étendant et multipliant le modèle de Hong Kong dont deux hommes sont « tombés amoureux », prononce carrément notre auteur: Milton Friedman, pape de l’économie libérale/libertarienne à Chicago, d’une part, et… Den Xiaoping d’autre part (minute 7:10).
À un autre moment: « Les États-nations vont cesser d’exister.«
L’anarcho-capitalisme ici en cause est une variété de l’extrémisme libertarien, et ne serait identifié par les historiens que depuis peu selon Quinn Slobodian. Ses tenants, qui montent en pouvoir et en influence, sont plus soucieux de mener des alliances profitables selon les circonstances que d’exprimer une cohérence philosophique, et ils peuvent être vus comme assez déroutants pour qui tente de les catégoriser politiquement. Mais une chose est sûre, ils sont loin à droite, et la démocratie n’est pas pour eux une priorité. Un personnage de référence est ici « Murray Newton Rothbard, né le 2 mars 1926 à New York et mort le 7 janvier 1995 dans la même ville, économiste et philosophe politique américain, théoricien de l’école autrichienne d’économie, du libertarianisme et de l’anarcho-capitalisme » (Wikipedia). Rothbard a un temps appuyé les nationalistes noirs aux EU, puis les nationalistes blancs.
Cédric Durand, économiste français, professeur à l’Université de Genève et à l’Institut La Boétie de la France insoumise, marxiste ou marxisant-marxiculteur de notre époque, publie sur sa page Mediapart « Le techno-féodalisme est un Léviathan de pacotille« .
S’il est toujours agréable de s’entendre dire que notre pire ennemi est un tigre de papier, ce texte ne se laisse pas aller à la facilité. Au contraire, il vaut pour sa rigueur et sa grande documentation. (Cependant à vrai dire, l’étiquette « féodalisme », dont la cote monte sur le marché des idées critiques, n’a pas encore convaincu tout le monde, et on ne voit pas pourquoi l’expression « techno-capitalisme » ou « capitalisme numérisé », ne suffiraient pas. Dans tous les cas, on l’aura compris, techno veut dire ici relevant de la tech numérique.)
Un détail du texte: Mao Tsé-toung, qui a tout de même remporté la Longue marche, une guerre civile de plusieurs décennies, a (clairement) des idées (claires) à nous proposer, entre Karl Marx et Sun Tzu, pour un Art de la guerre populaire culturelle et/ou politique: Comment bien choisir l’ennemi du jour. Notons qu’en ce sens, les anarcho-capitalistes dont parle Quinn Slobodian plus haut sont de bons maoïstes.
https://blogs.mediapart.fr/cedric-durand/blog/050225/le-techno-feodalisme-est-un-leviathan-de-pacotille
Arthur Keller démontre comment notre civilisation globalisée a signé son arrêt de mort – et tente néanmoins de conclure sur une note positive selon le schéma que s’imposent aujourd’hui les porteurs de mauvaises nouvelles planétaires.
Dans « Face aux crises d’aujourd’hui, on se trompe de méthode » sur la chaîne Metabolism of Cities, Arthur Keller se base entièrement sur la systémique, qui est sa discipline de prédilection, et ça nous donne 1 heure 44.
C’est long, pourriez-vous penser, mais on peut éteindre sa télé, ça fait du bien, et on peut picorer au lieu de tout visionner, butiner comme disent les Québecois. Cela dit, méfiez-vous: ça scotche, comme ne disent pas les Écossais.
Pour Arthur Keller, les fausses solutions représentent l’essentiel de ce qui se trouve colporté dans les débats officiels et/ou dominants, en particulier, la « transition », pardon, LA TRANSITION (partie 2). Ces 29 minutes sont sans doute les plus offensives de l’émission.
Extrait du sommaire :
Partie 1 : Diagnostic en 5 notions clés
00:00:00 Introduction
00:03:10 1.a) L’anthroposphère
00:05:27 1.b) La grande accélération
00:07:16 1.c) Les points de bascule
00:12:46 1.d) Les limites planétaires
00:23:25 1.e) La descente énergétique et matérielle
Partie 2 : La transition n’est pas une solution
00:30:02 2.a) Quel serait le traitement ?
00:37:46 2.b) Pourquoi ça ne va pas marcher ?
00:44:27 2.c) L’erreur des scientifiques
Partie 3 : L’espoir de la systémique
00:59:44 3.a) C’est quoi la méthode systémique ?
01:05:36 3.b) C’est quoi une crise systémique ?
01:12:53 3.c) Les fausses bonnes solutions
01:18:42 3.d) Les 4 types de postures
01:25:34 3.e) La résilience (la posture n°4) Partie 4 : Les plans d’Arthur Keller
(…)
01:37:18 4.b) Si tu n’étais pas conférencier ? [Il aimerait développer par la fiction, des questionnements utiles et fondés, et des solutions désirables.]
Johann Chapoutot
Historien français du nazisme. – Entretien du 13 juin 2024 sur la chaîne Regards, après la dissolution de l’Assemblée par Macron le 9 juin, et la toute fraîche création du Nouveau Front Populaire, le soir d’une déclaration présidentielle.
C’est notre meilleure vidéo de Johann Chapoutot à ce jour: dense, très franco-française, mais pas que, pas trop longue (tout est relatif: 31 minutes 27), précision historique, retours permanents entre les années 1930 et aujourd’hui. Et engagement.
Sur la chaîne Regards, Chapoutot n’a pas à mâcher ses mots, et ça ne manque pas d’être plus d’une fois très réjouissant.
( => Pour nous agiter les neurones: la social-démocratie a toujours mené l’extrême-droite au pouvoir. )
Pour se délasser un peu, une émission satirique de la ZDF, la deuxième chaîne de télévision publique allemande, mise en avant par le site Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet. « Inconnue de ce côté-ci du Rhin, l’émission connaît depuis 2016 une grande popularité en Allemagne. » – On l’espère ! D’autres épisodes sont proposés à la suite sur Youtube.
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