[Photo de John-Mark Smith sur Pexels]
Bonjour!
Née russe et soviétique en 1975, arrivée en France vers 1989, sociologue et politologue, docteure Science Po Paris, maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris-Nanterre et spécialiste des sociétés post-soviétiques, Anna Colin Lebedev est aujourd’hui de loin la meilleure connaisseuse de l’Ukraine en langue française.
Elle continue à multiplier les enquêtes de terrain dans l’Ukraine en guerre, en Russie elle ne peut plus.
Sur Twitter, elle se présentait comme « chercheuse en merdologie » et dispensait des séries de tweets très éclairantes. Et comme de nombreux autres, elle a quitté Twitter quand Elon Musk en a fait X. Elle tient par ailleurs un blog qui vaut la visite ou l’inscription.

Ici un formidable entretien sur Mediapart, avec un Edwy Plenel que l’on a rarement vu en apprendre à ce point d’une invitée ou d’un invité, et autant se taire en écoutant.
Anna plaide pour la nuance et a une formidable capacité à comprendre – pas justifier -, les parties en cause, elle manie la nuance et la complexité. Elle s’en explique et parle de sa famille révolutionnaire depuis ses grands-parents, parfois plus que malmenés par le stalinisme des purges, un fort moment.
Elle commence par expliquer pourquoi une population peu intéressée par la politique, face à un État faible et corrompu, s’est mobilisée contre la guerre et a largement inspiré les mesures publiques. Pourquoi le régime de Poutine risque de disparaître s’il accepte la paix. Comment au contraire, des chefferies ou hiérarchies russes vivent de la guerre et représentent une part du corps social favorable à la continuation des hostilités. En quoi aussi l’historiographie russe reconnaît tant de victimes du soviétisme, mais a évité d’étudier et reconnaître les nombreux bourreaux qui furent indispensables au déroulement des événements.
Et d’autres points que vous découvrirez si vous suivez cet entretien, où la société ukrainienne compte plus que l’État : « Anna Colin Lebedev : En-Ukraine il y a une société qui résiste ».
Une heure sept minutes, en accès libre à condition de donner une adresse mail, ou sur Youtube qui vous dépouillera de vos données personnelles.
Les deux derniers livres de notre invitée, abordés dans l’entretien, ont tout l’air d’être des « Il faut » comme disent les anglo-saxons et nos commerciaux :
- Jamais frères ? – Ukraine et Russie : une tragédie post-soviétique, Paris, Éditions du Seuil, 2022, 228 p., existe en Points poche, 8,90 €
- Ukraine : la force des faibles, juin 2025, Seuil-Libelle, 60 p., 5,50 €.
PS: pour un peu de lumière sur des éléments de langage récurrents, voir son article « Les ultranationalistes de la guerre d’Ukraine : mythe et réalité face à la propagande de Poutine ».


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