Un autre monde est possible !

Abonnez-vous à notre newsletter et recevez nos nouvelles une fois par semaine !


Fort avec les faibles, faible avec les forts : l’Arizona abandonne la justice fiscale

Contribution extérieure par Julien Desiderio, secrétaire du Réseau pour la Justice Fiscale 1 et chargé de plaidoyer chez Oxfam Belgique (publiée par lalibre.be le 25 juin)

Selon l’enquête sur l’opinion des Belges [Université d’Anvers et ULB], 58 % estiment que le gouvernement travaille dans l’intérêt des plus riches. Et 55 % estiment que, par ses réformes, le gouvernement lèse les citoyens les plus pauvres.

Le ministre de l’Emploi devient le ministre des 1 % les plus riches.

En décidant de plafonner les cotisations patronales sur les très hauts salaires, le ministre de l’Emploi valide ce constat et affiche sa loyauté envers les plus nantis. Au-delà de 340.000 € par an, ceux-ci ne contribueraient plus au financement de la sécurité sociale. Ce cadeau fiscal concernera 1.500 personnes (0.01 %des Belges), pour un coût estimé entre 65 et 150 millions d’euros par an à charge de la collectivité. Autant d’argent en moins pour les pensions, les familles ou les soins de santé, alors que la Belgique prévoit un déficit de 25 milliards d’euros.

Accidents de la vie

Un déficit que l’Arizona entend combler à coups de sanctions sur des gens qui se battent pour joindre les deux bouts et faire tourner le pays. Par exemple, les travailleuses licenciées de Cora. Ces travailleuses ayant enchaîné les temps partiels, au parcours peu reconnu par les employeurs et âgées de plus de 50 ans, seront directement pénalisées par les mesures d’exclusion. Elles n’atteindront pas les conditions nécessaires pour ne pas être exclues du droit au chômage et devront se tourner vers le CPAS. Ne méritent-elles pas plus de considération alors que, durant la pandémie, on les qualifiait de « travailleuses essentielles » ?

Ces réformes viseraient à « attirer les talents ». Mais c’est oublier l’essentiel : les « talents » veulent aussi, comme tous les Belges, bénéficier de soins de santé parmi les meilleurs au monde, d’écoles de qualité, de transports publics efficaces. Or, tout cela dépend des impôts et cotisations.

Sanctionner les accidents de la vie n’est pas soutenir le travail. Les accidents du travail, les maladies professionnelles et classiques ne seront plus prises en compte dans le calcul des droits au chômage en cas de licenciement. Si vous perdez un doigt sur une chaîne de production, si vous réduisez votre temps de travail pour élever seule vos enfants, ou si vous suivez une chimiothérapie, vous devrez en assumer la responsabilité en cas de perte d’emploi. Ce sera votre faute.

Une politique qui accroît les inégalités

D’un côté, les épreuves de la vie deviennent une faute pour laquelle il faut rendre des comptes. De l’autre côté, le succès et la chance exonèrent de contribuer équitablement à la solidarité. Une société ne peut se tenir debout longtemps sur un tel déséquilibre moral.

Alléger les contributions des plus riches ne bénéficie qu’aux plus riches. Ce sont les contributions qu’ils payent qui profitent à la société, pas celles qu’ils ne payent pas. Moins ils contribuent, plus le modèle social faiblit et plus son financement est porté par les gens ordinaires.

Pour un système fiscal belge enfin plus juste

Les 1 % les plus riches payent déjà deux fois moins d’impôts que la moyenne des Belges. Ils possèdent autant de richesses que les 75 % les moins riches réunis. Or, ces 1 % bénéficient de façon disproportionnée des cadeaux fiscaux du gouvernement. La Belgique dispose pourtant d’une marge fiscale sur le capital. Une taxation juste des plus-values renforcerait la légitimité du système fiscal. Mais bien que l’Arizona se soit engagé à introduire une telle contribution, celle-ci deviendrait une passoire vu les nombreuses exemptions qui y sont ajoutées chaque jour.

Ainsi, le gouvernement montre à quel point il est faible avec les forts et fort avec les faibles.Au mépris de l’équité et de la confiance collective en un projet de société qui rassemble. Il nous faut un impôt juste, une sécurité sociale robuste, et une économie où le mérite ne se mesure pas uniquement à la taille du portefeuille.

1 Le Réseau pour la Justice Fiscale (RJF) réunit des syndicats et associations de Wallonie et de Bruxelles, il sensibilise le public et interpelle les autorités sur une fiscalité équitable au service du financement des biens et services publics.

Catégories : , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *