Quels impacts l’arrivée d’Alibaba aura-t-elle sur l’environnement ?

[De watctchinalibaba.be]
  • Qui dit avions supplémentaires dit camions supplémentaires (pour transporter la marchandise importée par Alibaba). Une augmentation des émissions de gaz à effet de serre est donc tout bonnement inévitable, quel que soit le nombre exact de vols et de véhicules additionnels.
  • Une surface aussi grande que le quartier d’Outremeuse (à Liège) sera artificialisée et bétonnée, engendrant notamment une perte de terres qui pourraient plutôt servir l’agriculture et participer à renforcer notre souveraineté alimentaire.
  • Les pollutions de l’air et des sols déjà existantes vont empirer. Les riverains observent déjà des pollutions aux hydrocarbures dans les mangeoires ou se plaignent des odeurs de kérosène dans l’air.

L’expansion de Liège Airport est incompatible avec la lutte contre les changements climatiques

Augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES)

Selon une déclaration de Luc Partoune 1, directeur de Liege Airport, le trafic passerait de 500 à 2000 camions par jour autour de l’aéroport afin d’assurer le transport des tonnes de marchandises supplémentaires consécutives à l’arrivée d’Alibaba. Ces nouvelles émissions de gaz à effet de serre vont complètement à l’encontre de l’accord de Paris sur le climat et entrent en contradiction avec l’obligation européenne de réduire le trafic routier de 35% d’ici 2030 2 !

De plus, le réseau routier est déjà fortement saturé autour de Liège. Cette arrivée de nouveaux camions va donc aggraver la situation actuelle en créant davantage d’embarras de circulation, entraînant fatalement une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (voir également les impacts des particules fines sur notre santé). La création d’une nouvelle liaison autoroutière, permettant l’augmentation du trafic (et des rejets de CO2) ainsi que la bétonisation de la nature, est également à craindre.

Par ailleurs, Luc Partoune a déclaré vouloir propulser Liege Airport au top 3 européen des aéroports de fret 3 avec trois à quatre millions de tonnes de marchandises transportées entre 2030 et 2040 (contre 870 000 tonnes en 2018, année record). La concrétisation de ce désir augmenterait drastiquement le nombre de vols, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Entre 2013 et 2018, les émissions dues au fuel consommé à Liege Airport ont déjà augmenté de 84% 4, chiffre qui devra être revu à la hausse avec l’arrivée d’Alibaba.

Indices de la recrudescence du trafic aérien s’il en est, 11 nouveaux emplacements de stationnement d’avions sont prévus dans le prolongement des emplacements actuels, permettant une augmentation du volume du trafic aérien, même s’ils ne seront pas tous utilisés à capacité maximale.

Si les émissions de polluants par les avions ont un impact sur la santé à l’échelle locale, le transport aérien génère une pollution atmosphérique importante aux échelles régionales et globales. Les gaz polluants émis par les moteurs d’avions (particulièrement le CO2) altèrent la composition de l’atmosphère et participent au réchauffement climatique.  Selon les chiffres du GIEC, les gaz polluants rejetés par les avions sont responsables de 5% du réchauffement climatique.

Malgré l’absence de chiffres officiels sur le nombre d’avions supplémentaires qu’entraînera l’arrivée d’Alibaba, des estimations existent et varient entre 44 et 64 par jour (voire beaucoup plus). Pierre Ozer, géographe à l’Université de Liège, a ainsi calculé que les émissions de l’aéroport de Liège sont équivalentes à ce que les éoliennes wallonnes, entre autres, ont réussi à économiser depuis 2017 5. Ainsi, de 2013 à 2017, Liege Airport a tout simplement annulé les efforts climatiques déjà entrepris, accentuant le réchauffement planétaire qui se situe bien au-delà du cap des +2°C.

Du côté de l’aéroport de Liège, on prétend pourtant devenir « zéro carbone » d’ici 2030, tout en omettant les émissions des avions dans ce calcul.

Artificialisation et bétonnage des terres

Terry Von Bibra, responsable européen d’Alibaba, déclare que la taille finale des entrepôts sera de 380 000m² 6. Pour se faire une idée du gigantisme du projet, il faut multiplier la surface de la clinique du Mont Légia par 11 ! Il s’agit également de l’étendue du quartier Outremeuse à Liège.

Pour le moment, la Société Wallonne des Aéroports (SOWAER) s’est d’ores et déjà engagée à louer 22 hectares à Alibaba d’ici 2 ans (220 000m²). Par ailleurs, on annonce également 11 parkings supplémentaires sur Liege Airport, ce qui équivaut à 16,5 nouveaux hectares de béton 7. D’ici 2021, le premier entrepôt Alibaba, d’environ 30 000m², devrait déjà être opérationnel 8.

Alors que la tendance devrait être au « Stop Béton » 9, c’est-à-dire à l’arrêt des procédés d’artificialisation des sols, l’expansion de l’aéroport de Liège va artificialiser d’énormes quantités de terre. Parmi ces terres, il s’agit principalement de terres anciennement agricoles – certaines parcelles sont encore exploitées – qui sont pour la plupart propriété de la SOWAER et ne sont plus indiquées en tant qu’exploitables au plan de secteur. Dans une région pourtant connue pour ses sols fertiles, la conservation de terres arables est un péril pour notre souveraineté alimentaire présente et future.

Pollution de l’air et des sols

Les trafics routier et aéroportuaire engendrent d’autres éléments polluants comme les particules fines (le CO, le NO, etc.) et augmentent la formation d’ozone. Les produits utilisés pour dégivrer les avions en hiver sont également très polluants pour les sols. De plus, les fermiers vivant à proximité de l’aéroport observent désormais dans leurs abreuvoirs des arcs-en-ciel huileux, causés par une pollution en hydrocarbure, due aux passages des avions. Des riverains se plaignent, eux, de sentir de plus en plus d’odeurs de kérosène dans les villages avoisinants.

Surconsommation et augmentation des déchets

Enfin, les plateformes d’e-commerce comme Alibaba vivent d’échanges marchands de produits en grande partie non-recyclables et de la sur-consommation qu’ils engendrent. Quantité d’objets non-nécessaires et/ou de mauvaise qualité sont ainsi voués à être rapidement jetés et à grossir nos décharges.