par Marianne Rathmès

Une famille presqu’ordinaire, sans histoires : le père Mishima, la mère Lucrèce, la fille Marilyn, le fils Vincent tiennent « le Magasin des Suicides », une petite entreprise familiale qui prospère. Ils ne sont pas drôles (du tout !). Ils ne sourient jamais mais sont toujours prêts à aider leurs clients dans leurs recherches et leurs attentes. Ils sont dévoués et ne vivent que pour les satisfaire. Rien ne leur paraît impossible ! 

Toute demande d’accès au suicide doit trouver sa solution et tout le monde y a droit! La famille y travaille et ne manque pas d’inventivité pour arriver à ses fins. 

Pourtant, un jour, la machine va se gripper : un petit garçon, Alan, va naître dans cette famille : il est souriant, il rit. Les parents s’inquiètent : que vont-ils faire de lui ? 

Mais, qu’à cela ne tienne, ils continuent leurs recherches afin d’attirer les candidats au suicide. Entre-autres: la boîte à bonbons empoisonnés sur le comptoir à la disposition des enfants mal dans leur peau, la fille, maquillée avec de l’arsenic, cette prestation est appelée « le Death Kiss », Marilyn étant devenue au fil du temps une très jolie jeune-fille, elle a beaucoup de prétendants mais ne pourra donner de baiser (un seul suffit !) qu’à ceux qui seront prêts à tout pour elle, malheureusement (ou heureusement) et ils le savent, ils en mourront ! Bien d’autres options seront proposées suivant les souhaits des clients qui repartent satisfaits mais à qui il ne faut pas sourire ni dire « Au Revoir » ! 

En grandissant Alan, le petit dernier n’aura que des idées amusantes et farfelues. D’où lui vient cette joie de vivre qui, au fil du temps, devient contagieuse ? 

Petit à petit, la famille change et on rit plus souvent. Marilyn est tombée amoureuse d’Ernest, le gardien du cimetière mais est désespérée de ne pouvoir l’embrasser à cause de ses baisers à l’arsenic. Alan lui apprend alors qu’il a remplacé l’arsenic par de l’eau. Quel soulagement pour les amoureux ! 

Le père est désespéré, tout le sens de sa vie bascule, il fait une dépression, ne mange quasiment plus excepté les crêpes en forme de tête de mort (sans l’ingrédient principal du départ : les amanites phalloïdes) que confectionnent ses fils et qui ont beaucoup de succès, les clients reviennent et on en profite pour organiser des fêtes. On s’amuse beaucoup au « Magasin des Suicides ». 

Le magasin se transforme, Alan a confectionné un calicot tendu entre les rayons « Suicidez-vous de vieillesse ». Ils finiront par en faire un restaurant proposant des plats originaux tels que « agneau suicidé, bœuf à l’étouffée, canard au sang….. » encore un grand succès ! 

Je ne vous raconterai pas la suite (pleine de rebondissements… hilarants), ni la fin, qui est surprenante, dramatique et belle. Tout est là pour pleurer et rire. Profitez-en.

Jean Teulé, Le Magasin des suicides, Julliard, 2007, 160 p., (Pocket, 5,60 €), roman adapté en BD et en film d’animation en 2012, au théâtre en 2016.  


  • Publié : 2 ans ago on 18 août 2022
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  • Dernière modification : août 18, 2022 @ 8:29
  • Catégorie : Livres

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