[Synthèse d’un article et d’une enquête d’Antoine Jipok]

BlackRock, c’est un fond d’investissement (sans doute le plus important) ; par définition, sa mission est de maximiser les profits de ses clients investisseurs, peu importe les dégâts collatéraux. Or c’est BlackRock que la Commission européenne a choisi pour la conseiller sur la meilleure manière de rendre le secteur bancaire plus durable, en respectant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). La décision ne manque pas d’ironie lorsque l’on sait à quel point BlackRock piétine allègrement ces critères.
En rejoignant la plateforme d’organisations citoyennes Change Finance, Antoine a eu accès à tout un vivier de données financières, ce qui lui a permis de montrer comment ce géant de l’investissement participe à la déforestation en utilisant des paradis fiscaux (voir son rapport en anglais BlackRock forest-risk investments issued in tax havens). Autre illustration de son effet pervers sur l’économie réelle et l’environnement : son rôle dans la privatisation de l’eau.
La société doit sa position, en pointe à l’excellence de son logiciel d’analyse financière Aladdin, « le plus grand calculateur de risques financiers de la planète [qui] fournit une évaluation des risques à la plupart des grandes banques, aux gestionnaires d’actifs rivaux comme State Street et Vanguard, mais aussi aux institutions internationales et aux géants de la technologie comme Apple et Alphabet (Google). »
Comprendre le rôle joué par BlackRock et trouver comment le combattre est crucial si nous voulons nous « attaquer aux principaux problèmes du capitalisme et de la finance, par exemple la protection de l’environnement et l’inégalité sociale ».
(Notons que le fonds d’investissement étatsunien Vanguard Group, ce n’est pas mal non plus. Il a des tentacules un peu partout, gère plus de 7 200 milliards de dollars d’actifs (plus que le PIB de la France et de l’Allemagne réunies) pour plus de 30 millions d’investisseurs. Ceux-ci, par l’intermédiaire du fonds Vanguard, sont des actionnaires principaux dans des sociétés comme Pfizer, Johnson & Johnson, AstraZeneca, Moderna, Sanofi, l’Oréal, Alphabet (c’est-à-dire Google mais pas seulement), Facebook (Metavers), Youtube, WhatsApp, Michelin, Pernod Ricard, Monsanto, ExxonMobil, Dow Chemical et Foxconn. Vanguard est à l’initiative d’Akamai Technologies, une entreprise spécialisée dans le stockage de données numériques. Notons qu’en France, c’est lui, avec l’imprimerie nationale, qui gère les données de l’application tousanticovid et l’accès aux données du pass sanitaire.)


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