Edito – Trouver un chemin

Brumes et broussailles de la (dés)information sont denses. Les pistes s’entrecroisent. Les signaux sont confus. Se retrouver perdu dans la forêt profonde : un grand topos de la littérature pour enfants. Par où aller ? Que va-t-il nous arriver ? Le sentiment d’impuissance engendre la peur, et la peur, elle a tôt fait de nous mener à la méfiance.
Pourtant de partout, des voix clament et réclament : pas de retour à l’a-normal ! Pas de confusion entre entreprise capitaliste et service public : efficacité oui, rentabilité non ! Ça s’agite un peu partout ; des coopératives se créent, le financement participatif s’épanouit (nous sauvons des bouts de forêts, des logements sociaux, soutenons des initiatives d’agriculture paysanne, des librairies de quartier, des troupes de théâtres, des projets de film ou de BD,…) ; les webinaires se superposent contre les dettes illégitimes, contre l’emprise des multinationales et les traités d’investissement, pour soutenir les travailleurs de la santé, pour une fiscalité équitable… Nos contacts sont moins réels, mais plus internationaux.
Nous analysons les problèmes, nous formulons des réponses ; elles sont consignées dans maints documents – memoranda, cahiers de revendications, manifestes et autres livres blancs. Nous tentons de les traduire en actes. Rien de tout cela n’empêche les mécanismes de destruction massive de continuer leur oeuvre. Ainsi, en dépit de toutes les analyses développées par les associations paysannes et les rapports auprès des Nations Unies sur la souveraineté alimentaire, en contradiction avec le Pacte vert pour l’Europe, les règles aberrantes de la Politique agricole commune sont en train d’être reconduites en douce (voir les arguments de Via Campesina en page 6). Ainsi l’OMC (organisation mondiale du commerce) rejette la demande, bien limitée, présentée par quelques pays, dont l’Inde et l’Afrique du Sud, de suspendre les brevets sur tout traitement et vaccin concernant la Covid-19. Ainsi, l’accord pour le gouvernement fédéral, s’il contient quelques belles promesses, laisse aussi des lacunes béantes comme autant d’invitations à poursuivre sur une voie suicidaire (voir le commentaire pages 4-5). Ainsi, ni le programme du gouvernement fédéral ni le projet de budget proposé pour l’Union européenne ne prévoient les moyens fiscaux nécessaires pour financer correctement les services publics et la lutte contre le changement climatique (voir page 7). Ainsi, à nouveau, les plateformes de vente ou de conférence en ligne voient s’envoler leurs bénéfices des PME, des petits commerces vont couler, le droit élémentaire à une vie décente est bafoué pour toujours plus d’humains sur la planète, y compris chez nous.
Ces mécanismes ne fonctionnent pas tout seuls. Il y a derrière de puissants intérêts économiques et financiers, la complicité d’une classe politique, et aussi, souvent notre consentement tacite dans nos comportements quotidiens, en dépit de notre vertueuse indignation (voir le texte de Bernard Gouvars pages 8-10). Et pourtant si, là-bas, quelque part, là devant là derrière, il y a comme une lumière. Secouer nos habitudes, identifier les responsabilités (complexes ou manifestes), cheminer de concert, en imbriquant nos luttes ?
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Vu les recommandations et interdictions gouvernementales, nous avons annulé toutes nos activités «en vrai» mais nous vous proposons deux rencontres en lignes, une manifestation symbolique et le soutien à des actions par Internet.


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