Déclaration de soutien au Kurdistan syrien (Rojava), contre le nettoyage ethnique en cours

Nous, ATTAC Liège et CADTM, appelons à soutenir immédiatement le Kurdistan syrien envahi depuis le mercredi 9 octobre 2019 par l’armée turque appuyée par près de vingt mille combattants djihadistes. Les bombes qui pleuvent sur ce territoire nous concernent toutes et tous, car les tragédies qu’elles provoquent ont des conséquences humanitaires et sécuritaires explosives tant pour la région que pour l’Europe !

Depuis 2012, cette région au Nord de la Syrie jouit d’une indépendance de fait et d’une administration autonome. Une expérimentation politique absolument unique s’y déroule, basée sur la démocratie directe, les assemblées locales, le féminisme, l’écologie et la cohabitation de différents peuples. Une expérience qui représente une vraie alternative et qui doit être défendue, quelles que soient ses imperfections.

Les enjeux de cette guerre d’extermination ethnique sont immenses. Depuis 2013, les combattant·e·s kurdes et arabes des Forces Démocratiques Syriennes ont été au premier plan de la guerre contre Daech. Les voilà maintenant totalement lâché·e·s par la coalition internationale qui s’en prétendait pourtant alliée. L’Union européenne cède depuis de trop longues années déjà aux chantages d’Erdogan et à la politique du fait accompli de son régime néo-ottoman islamo-fasciste.

Ceux qui sont massacrés par les bombes turques au Kurdistan syrien ne sont pas seulement les populations kurdes, mais toutes les populations de la région : arabes, syriaques, yézidies, arméniennes, turkmènes, assyriennes, etc. C’est la possibilité d’une coexistence pacifique entre de nombreuses minorités ethniques et confessionnelles qui risque d’être détruite par des exterminations de masse, des déplacements massifs et un nettoyage ethnique.

Dans cette région du Croissant fertile, cette invasion turque vise entre autres les objectifs suivants :

  • opérer le même renversement démographique que celui perpétré en mars 2018 dans la ville kurde d’Afrin, où la population a été remplacée par des dizaines de milliers de membres de familles de combattants djihadistes provenant d’Idlib et de la Ghouta orientale, notamment ;
  • libérer les 80000 djihadistes et membres de leurs familles détenus dans les prisons kurdes, poursuivant ainsi la coopération et le soutien en tous genres, connus de la communauté internationale, que le régime islamiste turc entretient avec l’ensemble des groupes djihadistes/salafistes depuis les premières heures du chaos syrien ;
  • prendre le contrôle des ressources naturelles, en annexant ce territoire et s’accaparant en particulier de l’eau de l’Euphrate ainsi que de son pétrole.

Nous dénonçons l’hypocrisie et la complicité des grandes puissances internationales. Si l’armée turque s’autorise à bombarder sauvagement le Rojava, c’est parce que les États-Unis, la France, l’Allemagne et d’autres États la laisse faire. De «conférences climat» en «conseils de sécurité», c’est la même hypocrisie géopolitique qui règne, une hypocrisie sanglante qui mène à l’effondrement du vivant sur la Terre, et à la destruction de toutes les alternatives politiques réellement pacificatrices et démocratiques.

Nous exigeons de l’Union européenne, détentrice de moyens d’action diplomatiques et économiques incontestables à l’égard de la Turquie, 

• l’arrêt immédiat de la guerre destructrice menée par l’État turc ;
• la constitution immédiate d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la région qui est sous contrôle de la Coalition internationale contre Daech à laquelle appartiennent la plupart des Etats européens.


  • Publié : 4 ans ago on 18 octobre 2019
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  • Dernière modification : février 6, 2020 @ 11:09
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