Le Sud face à la crise

– Bilan et perspectives  –

Gaspard Denis, chargé de recherche au CNCD 11.11.11

D’origine financière, la crise s’est transformée de puis septembre 008 en une véritable récession économique qui n’épargne aujourd’hui plus aucun pays. En effet, après avoir affecté dans un premier temps les pays riches (État s-Unis et Europe en tête), elle s’est étendue aux pays en développement (PED). D’après la CNUCED, la croissance de ces derniers passerait d’ailleurs de 5,4% en 2008 à 1,3% en 2009 , « entraînant une réduction du revenu moyen par habitant ». La thèse du découplage économique – selon laquelle les PED devaient être largement épargnés par la crise – n’a donc pas résisté aux faits. Cela n’a pourtant rien d’étonnant : les vagues successives de libéralisation financière et commerciale associées au processus de globalisation ont rendu l es économies en développement fortement vulnérables aux chocs externes.

En annonçant les prémices d’une reprise dès 2010, l es organisations internationales se veulent néanmoins résolument optimistes. Ainsi, le FMI table sur une croissance de l’économie mondiale de 3,1% en 2010, après un recul de 1,1% du PIB mondial en 2009.

Pourtant, la perspective d’un rebond économique doit être sérieusement mise en question pour trois raisons principales. Tout d’abord, sur l e plan bancaire, malgré des profits substantiels enregistrés dès le second semestre 200 9, les banques regorgent encore de produits toxiques qui plombent leurs bilans et rendent incertain la reprise du crédit. En effet, selon les estimations du FMI, les banques n’ont comptabilisé pour l’instant que 40% des pertes qu’elles devront finir par prendre en compte 3 . Deuxièmement, sur le plan commercial, bien que la Chine et l’Asie émergente enregistrent actuellement une reprise, leur poids économique n’est pas suffisant pour tire r seul l’économie mondiale 4 . En outre, il y a lieu de s’interroger sur la capacité des pays riches – plombés par l’endettement – à absorber les exportations asiatiques avec autant d’ entrain qu’avant la crise.

Enfin, même si la reprise devait s’installer en 201 0, elle finirait par déboucher tôt ou tard sur de nouvelles crises systémiques. En effet, compte tenu de l’absence de mesures ambitieuses pour re-réguler les marchés financiers, rien n’empêche aujourd’hui les banques de s’engager dans les mêmes opérations risquées qui ont conduit à la crise actuelle.

Il semble d’ailleurs que les injections massives de milliards de dollars effectuées par les États et les banques centrales pour sauver le secteur financier aient déjà conduit à l’émergence de nouvelles bulles spéculatives. En effet, depuis le second semestre 2009, les cours ont flambé de façon concomitante sur les marchés boursiers (en particulier en Asie), obligataires (notamment sur les emprunts d’État) et des matières premières (en particulier l’or et le pétrole). Autrement dit, actuellement, les investisseurs se concentrent sur un marché avant de se nicher ailleurs, provoquant un phénomène de « bulles sauteuses ». Il s’agit bien de spéculation car ces hausses sont déconnectées de la réalité économique. Elles finiront donc probablement par provoquer l’éclatement de bulles, avec tous les dégâts sociaux et économiques qu’une telle issue implique.

Reprise ou pas, le système financier ne peut dès lors pas se passer d’une refonte en profondeur, au risque de s’effondrer encore plus violemment. Les mesures entérinées par les leaders du G20 sont cependant bien trop timides pour garantir une sortie de crise écologiquement soutenable et socialement équitable. En outre, les pays les plus pauvres ont à nouveau été largement oubliés par les leaders mondiaux. Leurs populations sont pourtant les premières victimes d’une crise dont ils ne sont pas à l’origine. Le présent rapport porte précisément sur la situation de récession à laquelle les PED sont confrontés actuellement. Dans un premier temps, il expose les vecteurs par lesquels la crise s’est transmise à ces derniers. Ensuite, il en analyse l’impact sur leurs conditions sociales et économiques. Enfin, il propose cinq champs d’action qui aideraient les pays en développement à sortir de l’impasse et à financer leur développement.

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